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vescence des spectateurs pour passer inaperçus et gagner les places qu’ils avaient choisies.

Au bout d’un instant, Valentin alluma un pajillo de maïs, et se penchant à l’oreille de son frère de lait.

— Attends-moi ici, lui dit-il, je reviens dans un instant.

Louis fit un signe affirmatif de la tête.

Valentin se leva d’un air indifférent, descendit nonchalamment les gradins, et put se mêler, la cigarette à la bouche, aux spectateurs qui encombraient les abords de l’arène.

Le comte le suivit des yeux pendant quelques instants, mais bientôt il le perdit de vue au milieu de la foule.

Alors ses regards se reportèrent sur l’arène, et tel est l’attrait qu’offre ce spectacle singulier et cruel, que, malgré lai, le comte s’intéressa à ce qui se passait devant lui, et finit même par y prendre un certain plaisir.

Les combats se succédaient rapidement les uns aux autres, offrant chacun des péripéties différentes, mais toutes émouvantes. Le comte commençait à trouver longue l’absence de son frère de lait, qui l’avait quitté depuis près d’une heure, lorsque tout à coup il le revit debout devant lui.

— Eh bien ? lui demanda-t-il.

— Eh bien ? répondit Valentin en castillan, il paraît que j’avais raison, et que les coqs du seigneur Rodriguez font merveille ; viens donc voir cela de près, je t’assure que c’est curieux.

Le comte se leva sans répondre et le suivit.