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diant son éternelle romance en roulant des yeux effarés.

En apercevant les deux amis, il poussa un cri de joie, se leva vivement, jeta sa jarana loin de lui, et accourut vers eux :

— Capa de Dios ! s’écria-t-il en leur prenant les mains, soyez les bienvenus, caballeros ; je vous attendais avec impatience.

— Y a-t-il donc quelque chose de nouveau ? demanda don Luis avec inquiétude.

— Hum ! assez ; mais vous n’aller pas demeurer à cheval, je suppose ?

— Non, non, nous sommes à vous.

Et ils mirent pied à terre. Pendant les quelques mots échangés entre le comte et l’Espagnol, Valentin s’était penché à l’oreille du chef indien, et avait, d’une voix basse comme un souffle, prononcé certaines paroles auxquelles Curumilla avait répondu en hochant affirmativement la tête.

Les deux Français entrèrent dans le jacal à la suite de don Cornelio, tandis que l’Araucan s’éloignait avec les chevaux.

— Asseyez-vous, messieurs, leur dit l’Espagnol en leur montrant quelques équipals épars çà et là.

— Savez-vous que vous m’intriguez singulièrement, don Cornelio, lui dit le comte ; que s’est-il donc passé pendant mon absence ?

— Rien de bien important au point de vue général, nos espions ne nous ont apporté que des nouvelles rassurantes sur les mouvements de l’ennemi ; du reste, le commandant par intérim vous fera son rapport, ce n’est donc pas de ces choses-là que je veux vous entretenir.