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çon qu’il le méritait. Lorsque le colonel se tut enfin le jeune homme le toisa d’un regard chargé d’un souverain mépris.

— Avez vous fini ? lui dit-il sèchement.

— Oui, répondit l’autre avec confusion.

— Fort bien ; maintenant nous n’avons grâce à Dieu, plus rien à démêler ensemble ; veuillez remonter à cheval et quitter immédiatement la colonie. Quant au général Guerrero, vous lui direz que je me réserve de lui répondre moi-même.

— Je me retire, monsieur. Cette réponse comptez-vous la faire bientôt ?

— Avant vingt-quatre heures, allez.

— Je rapporterai textuellement notre conversation au général.

— Vous me ferez plaisir. Au revoir, monsieur.

— Comment au revoir ? Comptez-vous porter votre réponse en personne ?

— Peut-être, répondit de Laville d’un ton railleur.

Le colonel sortit tout penaud de cette réception suivi par les trois hommes, qui ne le perdaient pas de vue et marchaient à ses côtés, de façon à l’empêcher de communiquer avec personne.

Le cheval attendait dans la cour, tenu en bride par un des soldats d’escorte. Le colonel se mit en selle et s’éloigna rapidement.

Il avait hâte de sortir de la colonie. Enfin, arrivé à la porte de l’isthme, il se retourna, et jetant un long regard en arrière :

— Quels peuvent être ces deux hommes ? murmura-t-il.

Et il piqua des deux.