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plusieurs mois déjà, près d’un an : ne le saviez-vous pas ?

— Ma foi non, monsieur, je vous l’avoue.

— Voilà qui est extraordinaire. Cependant je me souviens d’avoir expédié un exprès au gouverneur de l’État de Sonora pour lui notifier cette mort, et lui annoncer en même temps que le choix de mes compatriotes était tombé sur moi pour le remplacer.

— Il est probable alors, ou que votre courrier n’aura pas rempli sa mission, ou bien qu’il aura été assassiné en route.

— Je le crains.

— Ainsi, monsieur, c’est vous qui êtes maintenant capitaine de la colonie de Guetzalli ?

— Oui, monsieur.

— Vous êtes bien jeune, monsieur, pour remplir un poste aussi difficile.

— Colonel, répondit de Laville avec un peu de hauteur, nous autres, Français, nous ne mesurons les hommes ni à l’âge ni à la taille.

— C’est souvent un tort ; mais peu importe, cela ne me regarde pas. À qui ai-je l’honneur de parler ?

— À don Carlos de Laville.

Le colonel s’inclina.

— Je vais donc avec votre permission, caballero, vous donner communication de mes dépêches.

— Un instant, monsieur, dit vivement le capitaine ; je ne puis vous écouter sans avoir auprès de moi deux des principaux colons de la colonie.

— À quoi bon ?

— C’est la loi.

— Faites donc.

Le capitaine frappa sur un timbre, un peon entra.