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Pourquoi cela ?

— Parce qu’il est plus probable que le colonel vous en dira plus que moi-même je ne pourrais vous en apprendre.

— Ah ! ah ! vous croyez donc que c’est pour vous qu’il vient ?

— J’en suis sûr.

— Bon ! Maintenant, ne vous embarrassez de rien et laissez-moi faire.

— C’est convenu.

— À bientôt.

Et il sortit.

Le colonel était toujours dans la position où nous l’avons laissé ; il avait fumé un nombre considérable de pajillos — cigarettes en paille de maïs ; — seulement la nicotine commençait tout doucement à agir sur son cerveau, ses paupières s’alourdissaient, bref il était sur le point de s’endormir.

L’entrée subite du capitaine le tira brusquement de cet état de torpeur et il releva la tête.

— Pardonnez-moi de vous avoir aussi longtemps laissé seul, colonel, lui dit le jeune homme ; mais une affaire imprévue…

— Vous êtes tout excusé, monsieur, répondit poliment le colonel ; seulement j’aurais été charmé que vous eussiez pensé à avertir le comte de Lhorailles de mon arrivée, car les affaires qui m’amènent ne veulent pas de retard.

Le capitaine regarda le Mexicain avec étonnement.

— Comment ! dit-il, le comte de Lhorailles ?

— Certainement, c’est à lui seul que je dois communiquer les dépêches dont je suis porteur.

— Mais le comte de Lhorailles est mort voilà