Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi, sans prêter en aucune façon l’oreille aux insinuations impatientes de ses compagnons, qui l’excitaient à presser le départ de l’expédition, surveillait-il avec la plus scrupuleuse attention la construction des wagons destinés au transport des provisions et ne laissait-il échapper aucun détail, si minime qu’il fût, sachant qu’une perte d’une heure dans le désert, amenée par la rupture d’un écrou, d’une traverse ou d’une sangle, pouvait causer la mort des hommes placés sous ses ordres.

Enfin, tout était prêt, et le jour du départ désigné ; sous quarante-huit heures, l’expédition devait quitter Guetzalli, lorsque, vers les cinq heures du soir, au moment où le capitaine, après avoir jeté un dernier coup d’œil aux wagons chargés déjà et rangés dans la cour, allait rentrer dans le corps de logis qu’il habitait, la sentinelle de l’isthme signala l’arrivée d’un étranger.

Aussitôt qu’on se fut assuré que cet étranger était un blanc et qu’il portait l’uniforme d’officier supérieur de l’armée mexicaine, le capitaine ordonna qu’il fût introduit dans la colonie.

La barrière fut aussitôt ouverte, et le colonel, car l’étranger portait les insignes de ce grade, entra dans Guetzalli, suivi de deux lanceros qui lui servaient d’escorte, et d’une mule portant ses bagages.

Le capitaine s’avança à sa rencontre.

Le colonel mit pied à terre, jeta la bride de son cheval à un lancero, et, se découvrant, il salua poliment le capitaine, qui, de son côté, lui rendit courtoisement son salut.

— À qui ai-je l’honneur de parler ? demanda-t-il à l’étranger.