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les trahisons les plus infâmes, les lâchetés les plus ignobles.

Malheureusement pour la colonie, les aventuriers qui passaient auprès d’elle appartenaient tous aux classes les plus ignorantes, les plus corrompues et les plus féroces du Mexique.

Malgré eux, les Français, dont le but avait été, dans le principe, d’exploiter des mines, sentaient se réveiller le désir de retourner dans l’eldorado qu’ils avaient quitté et d’aller demander leur part de la curée.

On n’entend pas impunément, si fort que l’on soit, résonner continuellement le mot « or » à ses oreilles !

Il y a dans l’assemblage étrange de ces deux lettres une puissance d’attraction immense et incompréhensible, qui aiguise l’avarice et réveille tous les mauvais instincts.

Les colons de Guetzalli étaient de francs et loyaux aventuriers ; la plupart avaient quitté l’Europe dans le désir de s’enrichir promptement sur cette terre mystérieuse dont on leur disait des merveilles.

Domptés par l’ascendant que le comte avait su prendre sur eux, ils avaient tacitement accepté la position qu’il leur avait faite, et, l’habitude aidant, peu à peu ils avaient fini non pas par oublier leurs premiers désirs, mais par les considérer comme de riantes chimères et des rêves irréalisables.

Les événements postérieurs qui s’étaient passés dans la colonie, et le rayonnement immense répandu tout à coup par la Californie, vint redonner un corps à ces rêves et allumer au plus haut point leur convoitise.