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Les galères souvent l’emportèrent en rêve,
Jusqu’à ce qu’il suivît leur sillage brillant,
Chemin de gloire et d’or vers l’aurore fuyant.

Il partit. Il vit Gène ; il vit Florence et Rome.

Que t’a dit Michel-Ange à Saint-Pierre, ô jeune homme ?
— Ouvrier qu’un divin souci déjà rongeait,
Jeune homme qui devais être un jour le Puget,
Voici ce que t’a dit Michel-Ange à Saint-Pierre :
« Comme ton père et moi, fils, sois tailleur de pierre ! »

Soit. Mais ce que lui dit la mer aux vastes eaux
Où plongeait l’éclatant éperon des vaisseaux,
Il ne l’oublia pas non plus, l’enfant sauvage
Qui passait tout un jour, couché sur le rivage,
L’œil fixé sur les flots pleins des feux du soleil.
Michel-Ange et la mer lui donnèrent conseil,
Et firent la grandeur de son génie étrange,
Car ces maîtres sont grands : la mer et Michel-Ange !


II



Or, il fut peintre aussi. Mais le brutal regret
Du marbre, en ses tableaux se lit à chaque trait.
Il regrette les blocs énormes que l’on taille,
Et ce rêve obsesseur suit la main qui travaille.
Bientôt donc dans le bois de chêne, avec amour
Il fouille l’ornement et les panneaux à jour ;