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Or je veux que tu endures
Les blasmes & les injures
Du sot & du bien apris,
Que bien souvent le passage
Qui sera loué du sage
Du vulgaire soit repris.

S’il t'est force de desplaire
Au plus rude populaire
Pour n’estre d’eux entendu,
Di leur qu’ilz aillent aprendre
La raison à le reprendre
Aux ignorans deffendu.

Garde que les chambrières
De tes rimes familieres
Ne chantent par les marchez ;
Soubz couleur d’estre facile,
Ne fais pas riche ton stille
De proverbes emmanchez.

La nourrice qui devise,
Et la garce qui tamise,
Et l’yvrogne en son repas
Chantent bien des choses belles,
Mais quant il les trouvent telles,
Elles ne me plaisent pas.

Je fuis aux mains en furie
Quant j’entre en l’outellerie
Et j’oy’ chanter les valets
De bons vers ; une tempeste
De fourches volle à la teste
Et de manches de balais.