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ELOGE DE SIMON GOULART
SENLISIEN.


SIMON GOULART SENLISIEN ayant employé LX. années, de LXXXVI. qu’il a vescu, à prescher la verité a Genève, rempli l’Europe de plusieurs livres, en la doctrine & multiplicité desquels chacun admire celle des dons qu’il avoit reçeus du ciel, cependant tousjours fourni a sa charge, jusques à la derniere semaine de sa vie : les sept jours du silence de sa chaire remplacez par l’eschole de son chevet : en fin en une saison où les siens avoyent besoin d'exemple de constance, il a justifié ses escrits sur le mespiis ce la mort par ses contenances joyeuses & propos d’exultation continuez parmi les hoquets & derniers fumeaux :

Ainsi la mort le delivre
Plein de joye & nous d’ennuy,
Lui rassasié de vivre
Et nous affamés de lui.


EPITAPHE
DE M. D’AUBIGNÉ OCTOGENAIRE.


Passant, arreste & voy que tout se passe,
Que le naistre est au mourir engagé ;
Puisqu’icy gist en un corps tant aagé
Une vertu plus tost morte que lasse.