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ODES 191.

Le Ciel est de moy surmonté,
Comme vostre grace me meine :

Ma force s’esclave soubz vous

Et le service m’est si doux
Que mon heur je ne puis comprendre.
Vous m’epurez ainsi que l’or :
Ne souffrez que vostre tresor
Par trop de feu se mette en cendre !

De vous vient mon mal ou mon bien,

Ou je puis ou je ne puis rien,
Par vous ou j’enlève ou j’aterre
Ma vie aux haultz ou aux bas lieux,
Pour vous je volle dans les Cieux
Ou je traîne le ventre à terre.
XXXIII.

Aux rocqs venimeux, crevassez,

Où les tortillons amassez
De viperillons parricides
Grouillent en leurs fentes humides,
L’Envie loge &fait dedans
Craquer & seigner de ses dens
Mille couleuvres etripees,
Dedans l'eau de l’oubly trempees,
Et les crapaux jaunes & noirs,
Les rages & les desespoirs
La bourrellent & la substantent,
La nourrissent & la tourmentent.
Ces fruitz, ses bourreaux inhumains,
L’apaisent des peaux de ses mains
Qu’elle déchire, qu’elle tire
En s'affamant de son martire,