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190 LE PRIMTEMS DU SIEUR D’AUBIGNE. ____________________________________________________________

Porté d’une sainte fureur
Au plus hault de vostre celeste.

Mon esprit comme ensevely

S’emancipe et enorguilly
Contre le Ciel brise la creste,
Et repurgé de vos beaux yeux.
Vole aussi haut que les haultz Cieux
Et voit sous ses piedz la tempeste.
PAUSE.

Mais comme le fier qui son œil

Aux raions brillans du soleil
Demi nu dédaigneux affronte,
Le voit et si ne le voit pas.
Forcé de laisser choir en bas
Le front et le nez à sa honte :

Hardi, emerveillé je voy

L’infiny et ne say de quoy
Je suis docte et j’aprins encore,
Plain d’un zelle devotieux,
J’admire le secret des Dieux
Et sans comprendre je l'adore.

Quel esclat de divinité,

Quel raion doré de beauté !
L’esprit honoré de la face,
Comme la face des espritz,
Sont tous les poins qui m’ont surpris
De l'infiny de vostre grace.
PAUSE.

Pourtant à voz esclairs dorés

Tous mes sens planent essorez
D’une vollee autre qu’humaine :
Des aisles de vostre beauté