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ODES 159.

Et puis sitost qu’elle a mangée Sa cuillerette de dragée. Soupirant trois fois son malheur, Par force aproche son horreur. Là, ma vieille truie endormie Croise la place de ma mye. Et a dessus son oreiller Son cul qu’on ne peut reveiller : L’horreur de l’une & l’autre fesse Fait fi grand peur à ma maitresse Qu’elle choisist en quelque coin Son adventage le plus loin. Elle veille avecq’ son martire, Et son petit cueur lui soupire Et dit en destournant son œil : Ce n’est pas icy mon pareil. L’autre charrette mal graissee Ronfle & n’a rien en sa pensee Que les vins [ou] mauvais ou bons. Les cervelais ou les jambons. Or tout cela n’est rien encore Qui ne voit au point de l’aurore, Si tost que le jour est venu, Dormir l’un & l’autre corps nu : L’un à qui par trop la nuit dure Des piedz pousse la couverture, L’autre par l’indigestion Tormente sa collation. La douce blancheur de ma mye, Et non son ame est endormye, Et le plus souvent ses cheveux Sont desployés sur les linceux, Flottans à tressettes blondes, Comme au gré des zephirs les ondes.