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ODES 153.

Vous babillez de ma froidure

Et je suis de feu toutefois :
Le feu est de telle nature
Qu’il ne peut brusler sans le bois.

Comment voulez vous que je face ?

Mon ardeur en vous trouve lieu,
Le feu n’embrase point la glace,
Mais la glace amortist le feu.

Tel est le bois, tell' est la flamme,

Telle beauté & telle ardeur :
Le cors est pareil à son ame,
A la dame le serviteur.

Voulez vous donc savoir, rebelles,

Qui a noie tant de chaleurs
Et tant de vives étincelles ?
Ce sont les ruisseaux de mes pleurs.

On se moque de ma misere

Quant j’aime affectueusement,
Et on me tourne à vitupere
Quant je metz fin à mon torment.

[Vous] voudriez bien que j’aimasse

Pour vous servir de passe temps,
Vraiment vous auriez bonne grace,
Friande, vous auriez bon temps.

Vous m’avez fait perdre courage

D’aymer, en m’accablant d’ennuis :
Ne blasmés donq’ point vostre ouvrage,
Vous m’avez fait tel que je fuis.
XVII.

A ce boix, ces pretz et cest antre

Offrons les jeux, les pleurs, les sons,