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ODES. 137

Va, que tu puisse à ton aise
Dormir pour toy & pour moy.

Cependant que tu mignarde

Une corde babillarde
Du pouce & d’un autre doit,
Je veus savoir de ma Muse
Que jamais je ne refuse
Que c’est qu’elle demandoit.

Fay’ que mes espritz fretillent

Autant de coups que babillent
Les tremblemens amoureux
Qui folaftrent sur ta chorde :
Mon second, ainsi mon ode
Sera fille de nous deux.

Nicollas endort sa paine

Et pousse avecq’ son halaine
Ses affaires & l'ennuy
De sa teste ensommeillée,
Tandis ma Muse éveillée
Se resouvenoit de luy.

Nicollas, j’aime & j’adore

Quiconque ayme et qui honore
Et les vers & les escritz
Et les sciences aymees
Qui feront leurs renommées
Vivre autant que les efpritz

Je ne suis pas de la troupe

Qui peult faire à plaine coupe
Carroux du Nectar des cieux,
Mais je contrefais leurs gestes
Et pour ivrogner leurs restes
Je porte un livre aprés eux.

Je congnois ma petitesse,

Ce qui fait que je m'abaisse