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ODES. 135

D’amour, de constance & de foy.
Tous les jours une amitié neufve
Ces volages contentera,
Aussi vous verrez à l’espreuve
Que chacun s’en repentira.

De tous deus les promesses vaines

Et les pleurs versez en partant
N’ont plus duré que les haleines
Qui de la bouche vont sortant :
Chaquun garde son avantage
A fausser tout ce qu’il dira,
Et chaquun de ce faux langage
A son tour se repentira.


X.

Tristes amans, venez ouyr

Un cueur prisonnier se jouyr
Livré en sa chesne cruelle
Par les yeux trop promptz et hardis,
Mais sa prison n’est criminelle,
[Car] il en faict son paradis.

Bien que soubz les loix d’un vainqueur

Il souffre aux pieds d’un autre cueur,
Qu’esclave & que serf on l’apelle,
Il est fi doucement traité
Et sa servitude est si belle
Qu’il meprise la liberté.

Bien qu’il endure là dedans

Mille & mille flambeaux ardans
Qu’on voit à l’enfleure jumelle
Qui s’enfle de ses doux soupirs,

Sa flamme & sa mort est si belle