Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/578

Cette page a été validée par deux contributeurs.
574
DOCUMENTS HISTORIQUES.

Citoyens, la France tente en ce moment, au milieu de quelques difficultés financières léguées par la royauté, mais sous les auspices providentiels, la plus grande œuvre des temps modernes : la fondation du gouvernement du peuple tout entier, l’organisation de la démocratie, la République de tous les droits, de tous les intérêts, de toutes les intelligences et de toutes les vertus !

Les circonstances sont propices. La paix est possible. L’idée nouvelle peut prendre sa place en Europe sans autre perturbation que celle des préjugés qu’on avait contre elle. Il n’y a point de colère dans l’âme du peuple. Si la royauté fugitive n’a pas emporté avec elle tous les ennemis de la République, elle les a laissés impuissants ; et quoiqu’ils soient investis de tous les droits que la République garantit aux minorités, leur intérêt et leur prudence nous assurent qu’ils ne voudront pas eux-mêmes troubler la fondation paisible de la constitution populaire.

En trois jours, cette œuvre, que l’on croyait reléguée dans le lointain du temps, s’est accomplie sans qu’une goutte de sang ait été versée en France, sans qu’un autre cri que celui de l’admiration ait retenti dans nos départements et sur nos frontières. Ne perdons pas cette occasion unique dans l’histoire ; n’abdiquons pas la plus grande force de l’idée nouvelle, la sécurité qu’elle inspire aux citoyens, l’étonnement qu’elle inspire au monde.

Encore quelques jours de magnanimité, de dévouement, de patience, et l’Assemblée nationale recevra de nos mains la République naissante. De ce jour-là tout sera sauvé ! Quand la nation, par les mains de ses représentants, aura saisi la République, la République sera forte et grande comme la nation, sainte comme l’idée du peuple, impérissable comme la patrie.

Les membres du gouvernement provisoire,

Dupont (de l’Eure), Lamartine, Marbast, Garnier-Pagès, Albert, Marie, Ledru-Rollin, Flocon, Chémiedx, Louis Blanc, Arago.
Le secrétaire général du gouvernement provisoire,
Pagnerre.


VIII


Serment d’Abd-El-Kader.

Louanges à Dieu ! rien n’est durable si ce n’est son règne.

Aux appuis solides de la République.

Après la manifestation de mes sentiments d’admiration pour vos