Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/519

Cette page a été validée par deux contributeurs.
515
DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

trichiens, revenus de leur première confusion, se raniment et vont bientôt recevoir des renforts qui les mettront en état de reprendre l’offensive.

Un autre effet, non moins déplorable, des lenteurs du siége de Peschiera, c’est qu’elles laissent aux souverains, entraînés malgré eux par le mouvement populaire dans la guerre de l’indépendance, le loisir de se reconnaître et de concerter leurs moyens de résister à la révolution.

Le roi de Naples est le premier à revenir à lui. Jaloux plus que personne de la grande situation que la guerre crée au roi de Piémont, il commence par retarder, sous un prétexte puis sous un autre, la marche des troupes auxiliaires qu’il a promises et dont il a remis le commandement au général Pepe ; puis il essaye d’entraver l’action des Chambres, qu’il s’est vu forcé de convoquer, par une formule de serment qui leur ôte le droit de modifier la constitution et de la rendre plus libérale. Le refus des députés de prêter ce serment et la menace de dissoudre les Chambres ayant fait éclater à Naples une insurrection, le roi ordonne le bombardement de la ville, qui, forcée de céder, est livrée aux brutalités de la soldatesque et à tous les excès d’une populace effrénée. À quelques jours de là, Messine subit le même sort. Alors le gouvernement victorieux dissout les Chambres et la garde nationale, met ses deux capitales en état de siége, dépêche à l’amiral Cosa l’ordre de quitter l’Adriatique et au général Pepe la défense de franchir le Pô.

« Le temps presse, écrivait à ce moment au général Pepe le libérateur de Venise, l’héroïque Manin, qui, tout en préparant la population à résister jusqu’aux dernières extrémités, sollicite par ses agents l’Angleterre, la France, le Piémont, toute l’Europe libérale à ne pas laisser périr en Italie la cause sacrée de l’indépendance ; le temps presse : le Quirinal, le camp de Vérone et de Venise sont les trois centres autour desquels s’agitent les destinées de l’Italie ! »

Un envoyé de Charles-Albert demandait également au gé-