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HISTOIRE

7e léger et de la garde nationale de Pontoise. Quatre-vingts coups de canon ont été tirés vainement contre une barricade de la rue Saint-Denis, que défendent avec beaucoup d’énergie et d’habileté les mécaniciens du chemin de fer du Nord. Le général pointe lui-même une pièce ; plusieurs fois il fait donner l’assaut, toujours sans succès. Le général Bourgon, entendant cette canonnade prolongée, accourt se mettre à la disposition du général Korte ; presque aussitôt, il est atteint d’une balle à la cuisse. Korte, blessé au bras, refuse, malgré des douleurs très-aiguës, de quitter son commandement. Tant de courage, tant de persévérance restent à peu près inutiles. À la fin de la journée du 24, on n’a remporté sur ce point aucun avantage décisif.

Sur un autre champ de bataille, très-étendu, entre le quartier général de Lamoricière et celui de Damesme, dans les sixième, septième, huitième et neuvième arrondissements, les insurgés ont remporté des avantages considérables, mais dont ils ne savent pas profiter. Dès le matin, ils ont attaqué la place des Vosges et pris la mairie du huitième arrondissement, où trois cent cinquante soldats de la ligne ont mis bas les armes[1]. On a planté sur la mairie le drapeau rouge et l’on y a installé, comme maire, un nommé Lacollonge, rédacteur en chef du journal l’Organisation du travail. Les insurgés ont trouvé à la mairie quinze mille cartouches, quinze mille sabres, des munitions de toute espèce et des uniformes de gardes nationaux qu’ils se partagent. Puis ils s’avancent par la rue Saint-Antoine et menacent l’Hôtel de Ville, dont les communications avec le corps d’armée du général Damesme restent toujours interceptées.

La position de Damesme est très-critique. Sept à huit

  1. Un ordre du jour du général Lamoricière, en date du 8 juillet, annonçait à l’armée, en termes très-sévères, le licenciement de ce détachement « qui avait, disait-il, lâchement rendu ses armes aux factieux. »