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HISTOIRE

ments de son cœur maternel, il demeurait avec elle dans une réserve polie[1]. « On me traite de jacobine, » disait la duchesse d’Orléans à une personne de son intimité, peu de jours avant le 24 février ; et ses appréhensions redoublaient avec sa sollicitude pour cet enfant débile, pâle et frêle, sous lequel elle sentait le sol trembler[2].

Si Louis-Philippe estimait trop la duchesse d’Orléans pour l’aimer, en revanche il estimait trop peu le duc de Nemours pour l’initier à sa politique. Le futur régent demeurait étranger aux choses par son manque d’initiative et aux hommes par une certaine timidité hautaine dont il ne se délivrait que dans des compagnies subalternes[3].

Malgré la beauté de son visage et de son port vraiment

  1. Un jour que la duchesse d’Orléans, en causant avec M. Guizot, lui reprochait sa politique contre-révolutionnaire « Ah ! madame, lui répondit le ministre, quand le National ou la Réforme m’adressent ce reproche, j’y suis préparé ; mais il m’était permis de ne le point attendre de la bouche de V. A. R. »
  2. La fin lamentable de M. Bresson, qui, en arrivant à l’ambassade de Naples, s’était coupé la gorge, avait frappé, comme un mauvais augure, l’imagination de la duchesse d’Orléans, dont ce diplomate habile avait négocié le mariage. Il est curieux de voir comment s’exprimait à propos de cet événement le prince de Joinville « La mort de Bresson m’a funesté… Bresson n’était pas malade : il a exécuté son plan avec le sang-froid d’un homme résolu. J’ai reçu des lettres de Naples, de Montessuy et d’autres, qui ne me laissent guère de doute. Il était ulcéré contre le père. Il avait tenu à Florence d’étranges propos sur lui ; le roi est inflexible, il n’écoute plus aucun avis, il faut que sa volonté l’emporte sur tout, etc., etc. On ne manquera pas de répéter tout cela, et on relèvera ce que je regarde comme notre grand danger, l’action que le père exerce sur tout, cette action si inflexible que lorsqu’un homme d’État, compromis avec nous, ne peut la vaincre, il n’a plus d’autre ressource que le suicide. » (Lettre du prince de Joinville au duc de Nemours, 7 novembre 1847.)
  3. Du vivant du duc d’Orléans, on attribuait à de la réserve et à une louable déférence cette froideur et ce manque d’initiative qui se trahirent dès qu’il eut à paraître au premier rang. Les légitimistes avaient été plus loin dans leurs interprétations chimériques. Si le duc de Nemours se montrait si peu aimable, c’est que l’usurpation de son père lui pesait. Si jamais, disait-on, il venait à monter sur le trône, ce serait pour en redescendre aussitôt et y appeler Henri V.