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sectes plus gros que des mouches, et appelés vulgairement hurebers (huberes)[1], ce qui leur est toujours accordé, Chasseneuz traite la question de savoir si une telle procédure est convenable. Il divise son sujet en cinq parties, dans chacune desquelles il saisit l’occasion d’étaler l’érudition la plus vaste et souvent la plus déplacée ; mais cette habitude, comme on le sait, était ordinaire aux écrivains de cette époque.

Chasseneuz, pour consoler les Beaunois du fléau qui les afflige, leur apprend que les hurebers dont ils se plaignent ne sont rien en comparaison de ceux que l’on rencontre dans les Indes. Ces derniers n’ont pas moins de trois pieds de long ; leurs jambes sont armées de dents, dont on fait des scies dans le pays. Souvent on les voit combattre entre eux avec les cornes qui surmontent leurs têtes. Le meilleur moyen de se délivrer de ce fléau de Dieu, c’est de payer exactement les dimes et les redevances ecclésiastiques, et de faire promener autour du canton une femme les pieds nus et dans l’état que Chasseneuz désigne en ces termes : Accessu mulieris, menstrualis, omnia animalia fructibus terrœ officientia flavescunt et sic ex his apparet unum bonum ex muliere menstrua resultare[2].

Indiquant le nom latin qui convient le mieux aux

  1. En 1460, ces insectes occasionnèrent de si grands ravages dans les vignes, que pour y remédier il fut décidé avec les gens d’Église à Dijon, qu’on ferait une procession générale le 25 mars ; que chacun se confesserait, et que défense serait faite de jurer, sous rigoureuses peines. Cela fût encore réglé en 1540. (Annuaire du département de la Côte-d’or pour l’an 1827, par Amanton, p. 02.)
  2. Folio 1, verso, no 3.