Page:Aghassi - Zeïtoun.pdf/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les Arméniennes de Zeïtoun leur firent d’ailleurs un accueil amical ; elles leur distribuèrent des fruits, des confitures et leur donnèrent à boire. Nous avons mis les soldats dans le palais.

Ce fut une journée de gloire et d’allégresse pour le peuple de Zeïtoun.


À midi, nous sommes entrés dans la caserne. Nous y avons trouvé bien plus de choses que nous ne pensions. Toutes les chambres étaient meublées avec une magnifique opulence ; il y avait des tapis précieux, des châles de Lahore et de Tripoli, des couverts d’argent, des assiettes en faïence, de grandes glaces richement encadrées, des coffres tout pleins de vêtements d’hommes et de femmes et de belles étoffes de satin, de velours ou de soie qu’on avait fait venir de Damas ou d’Europe. Ces richesses nous frappèrent d’étonnement et de tristesse ; nous nous sommes demandé comment ces officiers, avec leurs trois cents piastres (à peu près soixante francs) d’appointements, les avaient pu accumuler dans l’espace de quelques années ; et nous avons compris alors ce que devenait l’argent si durement gagné par les paysans arméniens.