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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

Edmond, qui raffolait de ce jeu, ne se le fit pas dire deux fois ; il quitta à l’instant l’attitude provocante qu’il avait prise vis-à-vis de sa cousine, et partit en courant pour rejoindre les deux petites filles, qui étaient déjà rendues dans le jardin. Les trois enfants se mirent à jouer ; Edmond cherchait, et tandis qu’Armelle et Gilberte, cachées derrière un gros tas de bois dans le fond du bûcher, attendaient qu’il les eût découvertes, Armelle disait à sa cousine :

« Sais-tu que tu es bonne, toi, Gilberte ? Pourquoi n’as-tu pas donné un soufflet à Edmond tout à l’heure ? J’ai cru que tu allais le faire, tu étais rouge et tu avais l’air bien fâchée ; pour moi, si j’avais été aussi grande que foi, je l’aurais fait.

— C’eût été bien mal, répondit Gilberte ; mais cela ne l’eût pas corrigé ; à ton âge j’aurais fait comme toi.

— Mais pourquoi ne le fais-tu plus ?

— Parce qu’on m’a appris que c’était mal de se mettre en colère et de se disputer.

— C’est drôle, moi, on ne me gronde pas pour cela, reprit la petite fille ; aussi Edmond et moi nous nous battons souvent.