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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

Gilberte ne put s’empêcher de répondre à la grossièreté du petit garçon.

« Oui, je prendrai sa défense, reprit-elle courageusement en voyant que personne autre ne disait rien. Pourquoi te moques-tu d’elle ? Est-ce parce qu’elle est vieille ? Il n’y a pas de quoi ; on m’a toujours appris que c’était bien laid de se moquer des vieux.

— Oh ! dit Edmond, tu as la prétention d’être bien mieux élevée que les autres ! Allons, madame la Sagesse, ajouta-t-il d’un air moqueur, faites-nous un sermon, nous vous écoutons. »

Et Edmond, se croisant les bras, se campa tranquillement devant Gilberte en la regardant avec ses petits yeux malins. Gilberte avait bonne envie de se disputer tout de bon ; elle eût volontiers dit ses vérités au méchant petit garçon ; mais, se souvenant de ses bonnes résolutions, elle prit doucement la main d’Armelle qui la regardait, hésitant sur le parti qu’elle devait prendre, et s’adressant avec un ton enjoué et calme à Edmond :

« Allons, Edmond, je n’ai pas envie de te faire un sermon aujourd’hui ; viens jouer à cache-cache avec nous. »