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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

toutes sortes ont envahi les centres des villes importantes, ils se sont disputé le terrain, et, n’ayant plus d’espace, ils ont élevé étages sur étages, au point qu’aujourd’hui l’air pénètre à peine dans ces petits appartements entassés les uns sur les autres. Mais autrefois il n’en était point ainsi, et chaque maison importante avait un jardin, plus ou moins grand, qui lui laissait arriver un air meilleur que celui de la rue.

Au bout du jardin se trouvait une pièce d’eau sur laquelle se balançait un léger esquif, qui ne servait qu’une ou deux fois par an lorsqu’on voulait pêcher quelques pièces de poisson pour un repas. Gilberte avait toujours eu défense d’y toucher, et il ne lui serait pas venu à l’esprit de désobéir ; on fit la même recommandation à Edmond et à Armelle ; mais ni l’un ni l’autre ne purent voir le bateau sans éprouver aussitôt le plus vif désir d’aller dedans.

« Je te dis, Gilberte, répétait sans cesse Armelle, que j’irai dans ton bateau ; Edmond m’a dit qu’il me conduirait, que ce n’était pas difficile.

— Je ne le veux pas, répondit Gilberte ; je veux bien que nous jouions à ce que vous