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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

la bouche de sa jeune maîtresse, se mit à fondre en larmes, tant elle était touchée.

« Ah ! ma chère demoiselle, s’écria-t-elle, ne me parlez pas de pardon ! Depuis longtemps déjà vous ne vous fâchez plus guère, et je suis si maladroite !

— C’est égal, ma bonne Florence, je vous ai brusquée bien souvent ; me le pardonnez-vous ?

— Oh ! de tout mon cœur, Mademoiselle, et je vous servirai de mon mieux désormais. »

Gilberte demanda aussi le pardon d’Anne-Marie, qui l’embrassa tendrement ; puis elle alla trouver sa mère, qui la bénit de tout son cœur pour les efforts qu’elle avait déjà faits. Enfin, après le dîner, sa mère la fit conduire seule chez sa grand’mère, comme elle l’avait désiré. Elle trouva Mme Darwey dans un grand fauteuil auprès de la fenêtre ouverte ; il faisait une soirée magnifique, soirée d’été où l’on jouissait enfin d’un peu de fraîcheur après une journée brûlante. La vieille dame était la même que trois ans auparavant. Les années avaient apporté peu de changement dans cette physionomie calme et sympathique. Comme autrefois, elle disait son chapelet ; car elle avait une heure fixe pour