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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

« Et comme François s’obstinait à retenir le cheval, je donnai au sien un coup de cravache qui lui fit faire un saut de côté. Le pauvre vieux fut désarçonné au moment où il s’y attendait le moins.

« À l’instant je me jetai à terre ; car la pensée du mal que pouvait avoir mon vieux François avait calmé ma colère ; je me penchai vers lui et lui pris la tête, que je soulevai de mes petites mains en jetant des cris perçants. Heureusement ce ne fut l’affaire que de quelques instants ; il n’avait aucun mal, mais seulement un peu d’étourdissement causé par sa chute. Il fut bientôt sur pied.

« — Pardon, mon bon François ! lui dis-je. As-tu du mal ?

« — Non, mademoiselle Marguerite, me répondit le brave homme ; mais, ajouta-t-il, je vous en prie, n’essayez pas de sauter le fossé, vous tomberiez. »

« Au lieu de me garder rancune de ma brusquerie, il s’inquiétait toujours pour moi.

« — Non, lui dis-je, je te le promets. Nous allons prendre la route ; peux-tu remonter sur ton cheval ?