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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

étaient toujours fermés, et je me souviens que Ginevra, qui était timide, se faisait peur de cette longue enfilade de pièces sombres dans lesquelles, moi qui ne craignais pas grand’chose, je cherchais quelquefois à l’entraîner lorsque nous jouions à cache-cache avec les petites filles du voisinage.

« J’avais un petit poney, sur lequel on me permettait de monter lorsque mon père était à la maison ; et quand il n’y était pas, j’obtenais parfois de me faire accompagner par un vieux domestique qui avait vu naître ma mère et nous, et qui se fût volontiers jeté au feu pour nous épargner le moindre chagrin à ma sœur et à moi. Je me souviens qu’un jour que j’obtins une promenade, je partis suivie de mon vieux François, que j’aimais beaucoup parce que, toute petite, il m’avait fait sauter sur ses genoux en me chantant de vieilles chansons et aussi parce qu’il savait se prêter à tous nos jeux. Je montai mon petit cheval, qui était d’humeur très-douce, et nous partîmes joyeusement, tandis que Ginevra, qui était dans la chambre de ma mère, nous envoyait de sa petite main des adieux et des sou-