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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

wey d’un air pensif ; et si bonne ! Je n’ai jamais pu ne pas croire que c’était un de ses anges que Dieu avait prêté à la terre : mais il n’a pas pu vivre ici-bas, et il est retourné bien vite dans sa patrie ! Replace le cadre, Anne-Marie, » dit Mme Darwey, lorsque ses petites-filles eurent satisfait leur curiosité et considéré longuement le portrait de Ginevra.

L’enfant remit le cadre, et toutes deux reprirent leurs places sur leurs chaises, la tête tournée vers leur grand’mère et le menton appuyé sur leur petite main. Mme Darwey, qui semblait se plonger dans le passé avec une mélancolique complaisance, reprit son histoire.

« Nous habitions alors la Saulaie, une propriété qui a ensuite appartenu à mon frère aîné, et dans laquelle nous passions toute l’année, sauf trois mois d’hiver à Paris. Nos études, à ma sœur et à moi, se faisaient sous la direction d’une maîtresse qui venait trois fois par semaine de la ville voisine, distante de deux à trois kilomètres seulement. Ma sœur apprenait à merveille, parce qu’elle s’appliquait à ses devoirs ; mais moi, qui travaillais par bou-