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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

méchante. Et l’enfant baissa la tête d’un air confus.

— Que s’est-il donc passé, ma pauvre Gilberte ? demanda avec bonté la bonne grand’mère ; qu’as-tu fait ? Voyons. Sans doute, quelque colère ; je le crains, c’est ton défaut habituel.

— Oui, bonne maman, reprit Gilberte en relevant la tête, mais ce n’est pas ma faute, acheva-t-elle en s’animant. Je ne veux pas qu’Anne-Marie me taquine comme elle l’a fait tantôt ; sans cela je ne me serais pas fâchée.

— Voyons, voyons, un peu de calme, je t’en prie, reprit Mme Darwey en entourant de son bras le cou de la petite fille, dont la tête se pencha sur son épaule, tandis que deux grosses larmes coulaient de ses yeux bleus. Conte-moi ton histoire, ma chère petite, je serai juge entre ta sœur et toi, et peut-être trouverons-nous un moyen de réparer ta faute.

— Grand’maman, dit l’enfant à voix basse, Anne-Marie est meilleure que moi ordinairement ; mais elle ne l’est pas quand elle m’appelle « ma douce amie ». Vous savez bien que je n’aime pas cela, parce qu’on a l’air ainsi