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LA MADONE DE MAILLERAS

belle saison, Jean alla à Mailleras avec M. Lannek, qui l’y laissa quelques semaines, pendant qu’il faisait des excursions dans une autre partie de l’ouest de la France.

Dire le bonheur de Lizzie en revoyant son frère, ce serait difficile. L’enfant était grandi, sa taille s’était dégrossie, et il rapportait de Paris cet air élégant que sa nature délicate avait su prendre presque à son insu. Mais, au moral, c’était toujours le Jean d’autrefois, affectueux et franc comme il était quand il avait quitté le pays. Ses traits, un peu pâlis par le séjour prolongé dans une grande ville, devaient reprendre bien vite, à l’air vif et pur de son village, les fraîches couleurs qui, leur étaient naturelles.

Lorsque la voiture qui le ramenait arriva à Mailleras, il était huit heures du soir. On voyait clair encore, car on était en été ; mais la nuit commençait pourtant à descendre, et Lizzie, qui l’attendait depuis une demi-heure avec son père, le distinguait à peine. Mais quand l’enfant tomba dans ses bras, quand elle l’entendit s’écrier de sa voix joyeuse : « Père ! Lizzie ! me voici, enfin, » son cœur tressaillit de joie, et elle serra