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LA MADONE DE MAILLERAS

l’avait même conduit pendant une partie du chemin ; car Jean, qui, à cette époque, avait une douzaine d’années, ne lui paraissait pas encore très-raisonnable pour s’en aller si loin. Elle l’avait quitté depuis un quart d’heure, lorsque l’enfant arriva au terme de sa promenade.

Certes, le petit artiste avait eu une heureuse idée en voulant reproduire, suivant ses moyens, le magnifique panorama qui se déroulait sous ses yeux. Il était, lui, sur une élévation, au bas de laquelle s’étendait une charmante vallée verte et ombreuse ; au loin, un étang à la surface duquel se balançaient, sous le souffle du vent, de longs roseaux qui se miraient dans l’eau tranquille et sombre ; de grands peupliers le bordaient çà et là ; quelques maisons coquettement appuyées au coteau, ou se cachant à travers les arbres, animaient le paysage, sur lequel, d’ailleurs, le soleil jetait à pleins rayons la chaleur et la vie.

Jean resta quelques instants en contemplation, et sa pensée voyageait gaiement à travers l’immense horizon qu’il dominait ainsi, lorsqu’une voix inconnue le fit tressaillir.