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L’ENCLOS DE GEORGE SAND

ges s’arrondissent sans vergogne, et où ces longues et bardes poires dorées, que Mme de Noailles compare à son cœur, pendent vers le sol, à bout de forces, quand l’été s’achève. Cependant, par la faute des cyclamens, des faux ébéniers et de je ne sais quelle musique romantique que fredonnent les arbres des taillis, le jardin de George Sand n’est pas tout à fait un jardin comme il faut. Il y a des sautes d’humeur déconcertantes ; tour à tour, il s’émancipe et il se range ; il prend des libertés et il raisonne la jeunesse. Il fait jaillir de cette bonne terre berrichonne, d’habitude si calme, si pondérée, si dépourvue d’imagination, des parterres imprévus où poussent des fleurs immodestes trop éclatantes, tout en corolles, tout en parfums, et qui ont l’air de se jouer la comédie, d’insulter les violettes d’à côté, de déclamer des vers creux et splendides… ou bien, il encourage la naissance des giroflées et des scabieuses, il présente au soleil, pour qu’il les réchauffe, de longues et sages plates-bandes de haricots grimpants et de fèves. Il ménage, en l’un de ses recoins, la place d’une pépinière et celle d’un verger ; il donne asile, dans ses taillis, à tous les arbres des forêts berrichonnes. Tel qu’il est, le jardin de George Sand porte la signature de la bonne dame ; on croirait