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Du moment qu’il peut être démontré par l’étude comparative des fossiles et par la connaissance que nous avons des conditions dans lesquelles on rencontre les animaux ensevelis dans les glaces du Nord, que le terrain soi-disant diluvien du Nord est non seulement contemporain, mais même identique avec les dépôts à ossemens de l’elephas primigenius du centre de l’Europe, et du moment qu’il ne reste plus de doute que la catastrophe qui les a frappés a été subite et accompagnée d’un changement brusque dans la température, il me paraît évident que les animaux dont les ossemens fossiles sont enfouis dans nos terrains diluviens, ont péri par la même cause, c’est-à-dire par le froid, et qu’ils ont par conséquent aussi pu être ensevelis dans les glaces. Or, comme il est démontré que les glaces mammouthiques sont antérieures au soulèvement des Alpes[1], puisque les terrains à ossemens de l’elephas primigenius, qui sont contemporains des glaces que Kotzebue a appelées primitives, ont été disloqués lors du soulèvement des Alpes, j’en conclus qu’il y avait alors une nappe de glace sur le sol européen, qui a empêché la dispersion com-

    l’attribuer à l’existence d’une époque de glace antérieure à celle de la chaîne principale des Alpes, en rapport peut-être avec le soulèvement du Mont-Blanc qui est antérieur.

  1. Les observations de M. Élie de Beaumont ont démontré que les terrains à ossemens d’éléphans des environs de Lyon, qui sont contemporains de ceux du nord de l’Europe, ont été soulevés par les Alpes.