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moins d’admettre des déluges partiels, la possibilité d’une accumulation d’eau suffisante pour donner lieu à d’aussi immenses torrens.

D’ailleurs les surfaces polies dont il est ici question portent tous les caractères des polis résultant de l’action des glaciers ; elles sont uniformes et parfaitement lisses, tandis que les polis produits par l’eau sont inégaux et mats, ainsi que nous l’avons démontré plus haut. De plus, ces surfaces sont toujours mieux conservées dans les hautes vallées, où les glaciers ont agi plus long-temps que dans les vallées inférieures, tandis que si elles provenaient de courans, ce serait le contraire qui aurait lieu, comme l’a fort bien fait remarquer M. de Charpentier[1], attendu que les effets de ces derniers sont d’autant plus considérables que leur vitesse s’est accrue par un long cours sur une pente rapide.

Les lapiaz ou Karrenfelder peuvent devenir des témoins aussi irrécusables en faveur de l’ancienne extension des glaciers, que les surfaces polies et les anciennes moraines, du moment que l’on a saisi leur caractère particulier, et que l’on a appris à les distinguer des érosions produites par les torrens. On en rencontre de nombreuses traces le long de la Scheideck, entre Meiringen et Grindelwald ; mais les plus remarquables que je connaisse dans l’enceinte des Alpes,

  1. Notice, etc., p. 9, dans les Annales des mines, Tom. 8.