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12e, 13e, 14e et 15e siècles). Il cite à l’appui de cette opinion la cloche de la chapelle de Sainte-Pétronille, qui date de 1044. ― « D’après M. Zurbruggen, dit-il, ce n’est que dans le commencement du dix-septième siècle que les passages des montagnes sont devenus difficiles, et ce n’est que dans le dix-huitième siècle qu’ils sont devenus inaccessibles aux chevaux[1]. »

Cette opinion de M. Zurbrüggen me semble encore justifiée par le fait suivant. L’histoire rapporte que lors des persécutions qui éclatèrent à l’époque de la réformation, contre les protestans du Haut-Valais, ceux-ci ne pouvant se livrer à l’exercice de leur culte, chez eux, avaient pris l’habitude de se rendre, par la vallée de Viesch, à Grindelwald, pour y faire baptiser leurs enfans. En visitant, l’année dernière (1839), les glaciers d’Aletsch et de Viesch, j’ai trouvé, près du lac d’Aletsch ou de Mœril, le long du glacier, des traces très-reconnaissables de cette ancienne route, qui sans doute longeait plus haut les crêtes des Viescherhörner (voy. Pl. 12). Ce chemin, qui est muré en divers endroits très-escarpés, disparaît à plusieurs reprises sous le glacier pour reparaître plus loin, de manière qu’il est impossible de le suivre maintenant, à cause des parois abruptes du glacier. Il est donc évident que le niveau du glacier s’est élevé. Aussi la traversée est-elle aujourd’hui très-difficile et des plus périlleuses ; je

  1. Venetz, l. c. p. 38.