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la plus haute importance pour la théorie du mouvement des glaciers ; car elles démontrent jusqu’à l’évidence que si le glacier ne fond pas, à sa surface inférieure, au-dessus d’un niveau absolu de 6 165 pieds, ce n’est point aux effets de cette fonte que l’on peut attribuer son mouvement progressif, depuis les sommités où il se forme, jusque dans les vallées où il aboutit. C’est bien plutôt par les effets de causes qui agissent par la surface extérieure qu’il faut chercher à l’expliquer, comme nous l’avons fait dans un précédent chapitre.

D’après les observations de M. Bischof, la température du sol, immédiatement au-dessous du glacier, paraît être de zéro ; cependant on ne sait encore rien de bien positif à cet égard ; pour obtenir des résultats précis, il importerait de pouvoir faire des sondages à travers le glacier même, dans des localités où il adhère complètement au fond de son lit, et de pénétrer ainsi dans la roche. Mon intention est de tenter cette expérience, l’année prochaine, sur le glacier inférieur de l’Aar, dans un point où sa masse ne soit pas trop épaisse pour pouvoir être facilement traversée. Mais quelque douteuse que soit encore cette question, toujours est-il que l’influence réfrigérante de la masse du glacier ne s’étend guère au-delà des limites de ses bords ; c’est du moins ce qui résulte de quelques observations de M. Bischof, qui a trouvé la température du sol +8,5°, à cent pas de distance du