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fait remarquer que les bords des glaciers cheminent aussi plus rapidement que le milieu, et nous avons déduit ce fait du rejet des blocs sur les bords des glaciers et de la forme souvent arquée des crevasses, dont la convexité est dirigée vers la partie supérieure de la vallée. Cette différence de vitesse se conçoit en effet aisément lorsqu’on réfléchit à la cause du mouvement des glaciers : comme les changemens de température qui désagrègent la glace lui permettent de se pénétrer d’une quantité d’eau plus ou moins considérable, il est évident que les bords des glaciers qui sont adossés contre les parois des vallées et qui s’arrondissent ordinairement par l’effet de la réverbération doivent aussi se fissurer plus fortement que le milieu de la surface ; et comme la masse d’eau qui s’infiltre dans le glacier est toujours en raison directe du nombre des fissures capillaires, le volume d’eau qui peut pénétrer dans les parties latérales du glacier est plus considérable qu’au milieu, et doit accélérer d’autant la marche de ses bords.

Tous ces faits, qui s’expliquent si bien mutuellement, seraient autant d’énigmes si les glaciers se mouvaient simplement par l’effet d’un glissement sur leur fond, car si cette supposition était fondée, la partie moyenne des glaciers devrait avoir un mouvement plus rapide que les bords, par la raison que le fond des vallées est toujours plus excavé.

Escher de la Linth, pour soutenir la théorie du glis-