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masse spongieuse, imbibée sans cesse des eaux atmosphériques et de celles qui proviennent de la fonte de sa partie supérieure. Dans les régions moyennes et inférieures des vallées, cette masse spongieuse devient de plus en plus compacte ; mais, à raison de son origine et de sa structure intime, la glace se désagrège facilement, au moindre rehaussement de la température, en une masse de fragmens angulaires de différentes grandeurs, entre lesquels l’eau de la surface s’infiltre comme dans les hauts névés. Et même à des profondeurs où la glace ne se désagrège pas complètement, elle apparaît encore criblée de fissures capillaires qui s’entrecroisent dans tous les sens, et qui sont dues à la cimentation de ces mêmes fragmens. Un heureux hasard a fait remarquer à M. F. de Pourtalès, qui m’accompagnait cette année dans les glaciers, qu’en soufflant fortement contre les parois de glace, on mettait en évidence toutes les nombreuses fissures qui traversent sa masse, en même temps qu’on déplaçait par là l’eau qu’elle renferme. Nous nous sommes assurés de cette manière que la glace en apparence la plus compacte n’en est pas moins fissurée dans tous les sens. L’eau qui pénètre dans le glacier remplit ces fissures ; or plus la glace est désagrégée, plus il s’infiltre d’eau, qui pénètre à des profondeurs variables. Cette eau, dont la température est constamment voisine du point de congélation, se transforme en glace au moindre refroidissement, et tend ainsi à dilater le