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qu’à ce qu’elle ait atteint le bord du glacier, où elle se confond dans la moraine. J’ai vu cette année (1840) au glacier inférieur de l’Aar, une table de 15 pieds de long, 12 pieds de large et 6 pieds de haut, se détacher de sa base et glisser à une distance de 30 pieds, en réduisant en poudre la surface de la glace par dessus laquelle elle passa. Dans la partie supérieure des glaciers et en particulier sur la limite des névés, c’est-à-dire là où les moraines commencent à surgir, les plus petits blocs occasionnent des tables qui s’élèvent d’un demi pied jusqu’à un pied au-dessus du niveau de la glace. J’en ai vu un grand nombre sur le glacier du Lauteraar, au pied du Schreckhorn, qui avaient à peine cinq pouces de surface et un pouce d’épaisseur.

Jusqu’ici on n’a point encore fait d’observations sur le temps que met une table à parcourir toutes les phases de son développement ; je ne pense pas non plus que l’on arrive jamais à des données bien précises à ce sujet, attendu que le phénomène entier est complètement subordonné aux influences atmosphériques. Mais une chose bien autrement importante serait de chercher à faire servir ces tables à l’appréciation de la masse de glace qui se fond ou s’évapore pendant le cours d’un été. J’ai fait à ce sujet plusieurs observations que je me propose de continuer chaque année, et j’espère ainsi pouvoir démontrer par le calcul que la plus grande partie de l’eau qui s’é-