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Enfin, ils ne craignent pas d’avancer qu’ils sont fermement résolus à n’admettre jamais aucune modification aux réglemens coloniaux, relative à l’état des hommes de couleur ; oubliant sans doute que ces réglemens sont l’ouvrage de leur caste, et qu’ils sont un monument de rébellion envers l’autorité législative des augustes prédécesseurs de V. M.

Que dis-je ! c’est envers l’autorité suprême de V. M. elle-même qu’ils se déclarent.

Si donc V. M. voulait l’exécution des ordonnances de 1642, 1685 et 1787 ; si réalisant, dans sa haute sagesse, les promesses consignées dans la Charte, et réitérées dans son ordonnance du 22 novembre 1819, elle croyait devoir, non pas donner aux hommes de couleur un nouvel état civil et politique, mais leur rendre celui qu’ils n’auraient jamais dû perdre, les orgueilleux colons se mettront en insurrection contre la volonté de V. M. ; ce sont eux qui le disent. Ils sont fermement résolus à maintenir et défendre, à quelque prix que ce soit, le code obscur et tyrannique qui s’est formé loin des yeux et à l’insu du gouvernement royal.

Un langage aussi criminel ne dénote-t-il pas une conspiration véritable de la part des créoles ?

Sans doute il est plutôt fait pour inspirer une indulgente pitié que la sévérité de V. M.

L’honorable M. Canning, dénonçant au parlement d’Angleterre (séance de la chambre des communes, du 17 mars 1824) l’opposition des colons de la Jamaïque, aux mesures bienfaisantes de la métropole, envers la population esclave, a dit, dans une occasion toute semblable :

« Si le gouvernement avait pu en éprouver quelque courroux, cette conduite ne manquerait pas d’offrir des motifs pour recourir à des mesures de rigueur. Mais l’emploi de la force réduirait les colons rebelles en atomes… Ces mesures n’obtiendront pas la gloire d’une querelle. Je ne veux pas les ad-