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mais les autres étaient-ils moins coupables ? et si on leur eût donné le temps d’apposer leur signature au bas de cette adresse, ne l’eussent-ils pas fait ; n’étaient-ils pas assemblés dans cette intention ? Cette réunion, dans un pareil moment, n’indiquerait-elle pas assez son but ?

« L’écrit que nous qualifions de séditieux, l’est sans doute, dans l’acception du mot ; il doit être poursuivi et puni comme tel. Les prétentions que les mulâtres y exposent, et les demandes qu’ils ont faites, sont combattues et rejetées par toutes les lois[1] et ordonnances qui régissent les colonies. Nous demandons avant eux, M. le Général, que ces lois et ordonnances soient maintenues, et les habitans de la Martinique sont prêts à seconder de tous leurs moyens, les mesures que V. Exc. sera dans le cas de prendre, pour faire rentrer dans le rang qu’elles ont assigné, ceux qui veulent s’en écarter. Les blancs ne consentiront jamais à se voir les égaux d’hommes qui, comme la plus grande partie des mulâtres, et même de ceux d’entre eux qui font le plus de bruit, ont des pareils très-proches dans nos ateliers[2].

« Nous savons, M. le Général, que les mulâtres en général, resteront tranquilles ; ils connaissent trop bien l’insuffisance de leurs moyens ; ils savent que le gouvernement du Roi ne souffrira jamais que le système établi soit renversé ; mais si le grand nombre est raisonnable, on ne peut pas se dissimuler que beaucoup d’entre eux, séduits par les chimères qu’on leur propose, peuvent être égarés au point de troubler la tranquillité de la colonie.

  1. Serait-ce par hasard les ordonnances de Louis XIII, de Louis XIV et de Louis XVI ? non ; les ordonnances coloniales ? Cela peut être.
  2. Atelier, réunion des nègres esclaves d’une habitation.