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et surtout de l’ordonnance de 1787 émanée d’un prince dont le nom est reste si cher à l’Amérique.

Les hommes de couleur sont dignes, par leur dévouement au gouvernement de V. M., de ce grand bienfait ; ils doivent obtenir enfin un état civil solidement garanti par des institutions politiques.

Jamais aussi les circonstances ne furent plus impérieuses ni plus pressantes ; jamais la justice ne parla si haut en leur faveur.

Vainement leurs ennemis les accusent de conspirer ; ils défient leurs accusateurs de prouver rien de ce qu’ils avancent. Aux sourdes accusations, dont on connaît le principe, les hommes de leur couleur peuvent opposer des faits récens et publics, qui prouvent leur attachement au bon ordre et à la mère-patrie.

Lors de l’insurrection du Carbet en 1822, au moment où la tranquillité de la colonie était compromise par des mouvemens dans la classe des esclaves, les hommes de couleur armés comme gardes nationales, prirent tous les armes et parvinrent, presque sans le secours des blancs, à apaiser la révolte.

Infortuné Bissette ! vous commandiez alors des compagnies de milice ; malheureux Fabien, vous exposiez votre vie pour protéger la vie et la propriété des blancs ! vous ne vous attendiez guère à la récompense qui vous était réservée.

À l’époque de l’annonce de la guerre d’Espagne, voici ce qu’ils écrivirent spontanément, le 15 mai 1823 au gouverneur, tandis que les créoles gardaient le silence.

« Les hommes de couleur, libres, de la Martinique viennent renouveler les sentimens qu’ils ont toujours manifestés, dans toutes les circonstances, à V. Ex.

« Ils viennent du fond de leur cœur protester de cette constante et inébranlable fidélité qui caractérise si éminemment les fidèles sujets du roi ; ils viennent faire l’engagement solennel de leur amour et