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et par un bon réglement dans les colonies, la paix, qui en seroit l’heureux fruit, laisseroit autant d’excellens cultivateurs ; les uns se loueroient aux maîtres auxquels ils conviendroient le mieux ; les autres prendroient des emplois, suivant leur capacité ; ceux-ci se loueroient au mois, à l’année ; ceux-là feroient des entreprises proportionnées à leurs moyens.

Quoique nos colonies soient assez peuplées pour l’agriculture, elles le seroient bientôt d’une manière plus avantageuse, lorsque les uns et les autres de ces nègres pourroient posséder quelque portion de terre qu’ils feroient valoir à leur compte. Le commerce prendroit une nouvelle force par les soins continuels et vigilans de celui-là même qui en tireroit pour lui le produit et les fruits pour ensuite, par ce moyen, faire passer dans différens canaux du commerce une circulation de numéraire utile à toutes les contrées de l’Europe. Ce qui doit encore en résulter d’avantageux, c’est que l’on arrête par-là une source immanquable de fléaux qui affligent l’humanité sur votre continent, parce que les blancs s’étant comme arrogé le droit de vie et de mort, ils abusent familièrement de ce droit sur leurs esclaves. Les nègres entrant dans l’ordre social, sous la protection des lois, seront jaloux du point d’honneur, se surveilleront plus soigneusement, prendront dans la poli-