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JUIFS ET CHRETIENS

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moment de Pâques, s’ils ont une occasion opportune ; quand Thomas de Cantirapré, Bonum universale de apil/us, H, XXIX, aS, transformant ce ut dicitur en certitude, écrit : « Il est sur que, tous les ans, les Juifs tirent au sort, dans chaque province, la ville ou la communauté qui fournira aux autres le sang chrétien

« , on pourrait se demander comment ils le

savent, et douter de la valeur de leur témoignage.

Mais nous avons là-dessus des aveux précis des Juifs. Par exemple, dans l’affaire de Valréas (12157), plusieurs disent que, chaque année, à défaut des sacrilices qui ne peuvent plus s’accomplir dans le temple, les Juifs doivent verser du sang chrétien en quasi-sacrilice, que l’ordre est venu à Saint-PaulProis -Châteaux de tirer au sort la communauté juive qui, cette année, serait chargée de répandre le sang chrétien, et que le sort avait désigne Valréas. De semblables déclarations ont élé obtenues juridiquement à diverses reprises. Des Juifs ont été « convaincus », comme s’expriment les documents ; pour qui connaît la langue du moyen âge, ce mot implique toute la procédure légale. Que peut-on désirer de plus [)rohant ?

Hélas ! condamner « juridiquement » et « convaincre » c’était convaincre par l’emploi et condamner après l’emploi de la torture et sur les aveux qu’on avait obtenus par elle. Aujourd’hui, de l’avis unanime, une déposition provoquée par la violence est frap[)ée de nullité,.utrefois on la regardait comme valable, et cela non seulement au moyen âge, mais au xvn" siècle et auxviii= encore. Eux-mêmes les graves, et doctes, et admirables anciens Bollandistes — la grande autorité dont se prévalent ceux qui admettent l’existence du meurtre rituel, h les princes de la certitude historique », dit Golglenot hesMcossbaux, Le Juif, le judaïsme et la judaisation des peuples chrétiens, ). ig^, cf. igo — eux-mêmes admettent le préjugé du temps. Jamais ils ne formulent une réserve sur l’autorité d’un témoignage arraché par la force matérielle. Recherchant les causes du meurtre rituel, ils enregistrent sans discussion, en toute coniianoe, Acta, aprilis, l. II, p. 501, les quatre causes qui furent avouées ^er iim tornxenlurum par des vieillards juifs compromis dans l’affaire de Tyrnau (149W-’ vertu du sang chrétien pour arrêter l’effusion du sang dans la circoncision ; sa vertu comme aphrodisiaque ; sa vertu curative dans l’infirmité consistant en ce que ciri ac mulieres aeque apiid eos fluxn menstrui Inhorent : une loi ancienne, mais secrète, quo quotidianis sacri/iciis in aliqua regione cliristianum Deo sangiiinem liliare coguntur.

Les aveux faits sous l’étreinte de la torture ne comptent pas, ni ceux qui seraient dus au désir d’échapper à sa menace ou amenés par la perspective de la liberté et d’un sort meilleur après ime réclusion douloureuse. Or, tels ont élé les aveux relatifs à l’existence du meurtre rituel strict. Revenons à l’affaire de Valréas. Trois juifs furent arrêtés ettorturés. Huit jours après, ils avouèrent le meurtre odiciellement consommé. Cini| jours plus tard, ils comparaissaient devant Dragonet de Montdragon, sire de Montauban, de qui dépendait Valiéas, et confirmaient leurs.1VCUX, sponle et sine finculo, capti tanten et posi tormenta. Nouvelle enquête, le mèmejour. Six autres juifs comparurent. Les trois premiers nièrent le crime ; appliqués à la torture, deux l’avouèrent, le troisième demeura inébranlable. Des trois derniers, que l’enquête qualifie de / « l’pnes (l’vin était cependant marié), l’un avoua, les deux autres déclarèrent ne rien savoir ; aucun ne fut torturé, mais ils savaient qu’ils pouvaient l’être et ce que c’était que de l’être. Ainsi l’enquête présente les faits. Cf… Moi.inikr, Enquête sur un meurtre imputé aux Juifs de Valréas,

dans Le cabinet historique, nouv. série, Paris, 1884, t. 11, p. 121-13/|. L’exposé que les Juifs envoyèrent au pape, et quiNNocENT IV reproduit dans sa bulle du 28 mai 12^7, cf. E. Berger, les registres d Innocent IV, n" 281"), Paris, 1882, t. I, p. 420-421, s’accorde avec elle sur le motif des aveux, tout en étant plus accentué : il y est dit que Dragonet eos non convicias nec confessos, nec etiant aliquo accusante (il s’agit d’une accusation légale), bonis omnibus spolialos diro caiceri mancipai’it, ipsosque…, quibusdam ex eis cæsis per médium, aliis combustis igné, uliquorum virorum extraciis testiculis et mulierum mammillis evulsis, tamdiu poenarum aliarum diversarum lormentis aflHxit, donec ipsi id quod eorum conscientia non didicit ore, sicut dicitur, sunl confessi, uno necari torniento potius eligenles quant vipère et poenarum afjlictionibus cruciari. Que valent de pareils aveux ? Exactement ce que valurent, aux origines chrétiennes, les aveux de ces enfants, de ces femmes, de ces esclaves, de ces chrétiens de tout rang, qui assurèrent, parmi les supplices, que les chrétiens pratiquaient le meurtre rituel.

Nous ne connaissons pas un seul témoignage juif, d’une authenticité certaine et absolument libre, qui garantisse la réalité du meurtre rituel strict. Quoi qu’il faille penser du fond de l’affaire troublante de Damas (1840), il est sûr que les accusés furent tourmentés cruellement avant de rien avouer. Cf. Strack, I)as Bliil, p. 182. En 1834, aurait paru, en grec moderne, à Xauplie de Roumanie, sous le titre de liuine de la religion hébraïque, un opuscule qui se donnait pour la traduction d’un écrit en langue moldave composé, en 1803, par le moine Néophyte, exrabbin converti au christianisme. Il fut également traduit en arabe, et eut plusieurs éditions, que les Juifs se seraient appliqués à faire disparaître. Un chapitre y est consacré au meurtre rituel. On peut le lire dans Jais, Le sang chrétien dons les rites de la Synagogue moderne, Paris (sans date). C’est horrible. Il y est dit que l’usage du sang recueilli par les Juifs, dans les assassinats des chrétiens, est un rit qu’ils croient commandé par Dieu même et révélé dans l’Ecriture ; que tous les Juifs ne savent pas le m^stére du sang, mais seulement les rabbins ou khakhams, les lettrés et les pharisiens, qu’on appelle pour ce motif les conservateurs du mystère du sang. Toutes les horreurs éparses un peu partout sur les raisons d’être du meurtre rituel strict sont réunies là. Quel crédit accorder à ces pages, dont l’existence fut révélée par. Laquent, lielalion his’orique des affaires de Syrie depuis JS’iO jusqu’en ttii’J, Paris, 1846, t. II, p. 878 ? Il ne semble pas que personne ait jamais rien su de l’auteur ou vu l’édition originale de son livre. Ce serait déjà assez pour se méfier. Certaines afiirmalions de l’auteur sont extraordinaires. Il avance gravement que tous les Juifs d’Europe sont affectés de la gale, que tous ceux d’Asie souffrent delà teigne, que tous ceux d’.Vfrique ont des anthrax aux pieds, et tous ceux d’Amérique des maux d’yeux qui leur donnent l’air slupide. Cela est dans le style de la littérature antijuivc la plus inintelligente ; on ne saurait comprendre que ces sottises se trouvent sous la plume d’un juif authentique. Il n’est jias besoin d’ajouter que la disparition, par le fait des Juifs, des exemplaires des éditions successives de cette brochure, si elle était établie, prouverait que les Juifs ont voulu retirer de la circulation un écrit capable d’attiser contre eux les haines populaires, mais non <iu’ils ont admis l’exactitude de ses révélations.

L’existence quelque part, surtout dans cette vaste Russie où [uillulent les sectes de tout genre et où les Juifs abondent, d’une secte juive inscrivanldans son