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JUIFS ET CHRETIENS

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negli Abruzzi, i" série, 1904, t. IX, p. 201-229 ; Ciardini, / banchieri ebrei in Firenze nel secolo XVe il monte di pietà fondato da G. Savonarola, Borgo San Lorenzo, 19O ;  ; les travaux cités au mot Intérêt (prêt a), col. 1090.

VI.

Le meurtre rituel

§ I. L’existence da meurtre rituel. § II. Ce que l’Eglise a pensé de l’existence du meurtre rituel.

§ I. L’existence du meurtrb bitdbl

43. Etat de la question. — A. Motion du meurtre rituel. — D. Chwolso.v, /Jie Blutanklage und sonstige mittelalterliclie Bescituldigungen der Juden, trad. du russe, Francfort-sur- le-Mein, 1901, p. 6-7, jS-aio, classe sous seize formes les « accusations de sang Il et les ramène à deux catégories, selon que le sang aurait un usage religieux ou purement superstitieux.

Pour plus de clarté, distinguons quatre aspects de l’hypothèse du meurtre d’un chrétien par un juif.

a) Le juif tue le chrétien sous l’empire de la colère, de la vengeance, de la cupidité, de la passion, etc., mais non parce (]uil est chrétien, sans que la profession de christianisme de la violime soit pour quelque chose dans cet acte. Evidemment ce meurtre n’est pas rituel.

Il) Le juif tue le chrétien, de préférence un enfant, parce que chrétien, en haine du Christ et du christianisme, mais ne se sert pas de son sang dans un but de superstition ou de religion. Ce crime, le dixième de la liste de Chwolson, n’est pas non plus rituel.

c) Le juif lue le chrétien parce que chrétien, dans un but superstitieux, pour avoir du sang chrétien et l’utiliser dans des opérations de magie, dans la thérapeutique, comme aphrodisiaque. A cela reviennent les six dernières a accusations de sang » relevées par Chwolson : le sang serait employé contre la maladie, contre la puanteur spéciale aux Juifs, pour se faire aimer, pour arrêter le sang qui coule dans la circoncision, pour faciliter les accouchements laborieux, pour la guérison de certaines inûrmilés propres aux Juifs. Ici également, le meurtre n’est i)as rituel, nous n’avons pas un rite lixé par la liturgie juive ; à des superstitions de ce genre la religion est étrangère.

d) Le juif tue le chrétien parce que chrétien et dans un but religieux. Telles sont les neuf premières

« accusations de sang « que Chwolson enregistre : 

k) Le sang est mêlé aux azymes de Pâques ou au vin qui se boit la veille de Pâques. —, 5) Il est mêlé à un œuf que le rabbin donne à manger au juif et à la juive qui se marient, pendant ((u’ils reçoivent la bénédiction nuptiale. — y) Le prêtre juif s’en frotte les mains quand il va bénir le peuple dans la synagogue. — l) Les rabbins, en la fête des Pourim, envoient aux membres de leur communauté un aliment préparé avec du sang chrétien. — s) Le sang chrétien est nécessaire pour que Dieu agrée les sacrilices qvi’on lui oifre ; ou, d’après une autre version, n’ayant plus, depuis la destruction du temple, la possibilité d’oll’rir à Oicu des sacrilices, les Juifs regardent l’ollrande du sang chrétien comme une com[)eusation très agréable, i Dieu. — ï) Un enfant chrétien est tué pour remplacer l’agneau pascal. — /]) Les Juifs teignent leurs portes de sang chrétien, à Pàques, en souvenir du sang de l’agneau qui teignit les portes des Juifs avant la sortie d’Kgypte. — 6) Quand un juif est sur le point de mourir, on frotte son visage avec du sang chrétien, ou l’on met sur son visage nn linge imbibé de sang chrétien, et, à vois basse, on

lui dit à l’oreille : « Si le Christ, auquel croient et eu qui espèrent les chrétiens, est le vrai Messie promis, puisse le sang d’un enfant candide mis à mort te servir pour la vie éternelle I » — <) Le vendredi saint, on cruciUe un enfant pour représenter le crucitiement du Christ, mais on ne fait pas usage de son sang.

Dans chacun de ces cas, et dans les cas similaires, nous avons le lueurtre rituel. Encore y a-t-il lieu de distinguer de nouveau. Si de pareils forfaits sont l’œuvre de simples particuliers, agissant à titre privé, en leur nom personnel, c’est le meurtre rituel au sens large du mot ou improprement dit. Le meurtre rituel slrict n’existe que s’il esl prescrit ou autorisé par la liturgie oflicielle, s’il est accompli au nom de la communauté, c’est-à-dire de la nation juive, ou, du moins, d’une secte juive. On pourrait le délinir : le meurtre olliciel d’un chrétien, principalement d’un enfant, dans un but religieux.

B. Les principales accusations de meurtre rituel.

— Diverses listes ont été dressées par L. Rupbrt, L’Eglise et la Synagogue, Paris, 185y, p. 268-810 ; G. Cholewa de Pawukowski, Der Thalmud in der Théorie und Pra.ris, Batisbonne, 1866, p. a43-308 (73 cas) ; H. Desportes, Le mrstcre du sang chez les Juifs, Paris, 1889 ; le journal Z-’osserva/ore caltolico, de Milan, mars-avril 1892 (44 articles, 154 cas) ; J.vB, Le sang clirélien dans les rites de la Synagogue moderne, Paris (sans date) ; le D’Imbeut-Golhbbyre, dans Constant, Les Juifs dc’ant l’Eglise el l’histoire, 2’édit., Paris (sans date), p. 323-826 ; A. Monniot, Le crime rituel chez les Juifs, Paris 1914, p- 143-300 ; etc.

I.MBBRT-GoiRBBVRB, p. 336, Voit « le premier fait qui établit la saignée rituelle » dans le cruciliement d’un enfant à Immestar (Syrie), à l’époque des Pâques juives de l’année 415. Dès le xii’siècle, les accusations de meurtre rituel se sont fréquemment produites. Voici les cas les plus fameux. Sauf indication contraire, les victimes sont des enfanls. Nous citons, en particulier, ceux ([ui, à des degrés divers, ont été l’objet d’un culte et qui, à ce litre, figurent dans les Acia sanclorum des Bollandistes : le b^ Guillaume, de Norwich (1144), cf. Acla sanctorum, 3" édit., Paris, 186ô, martii, t. III, p. 586-588 ; l’enfant de Blois (ii’ji) ; le b^ Richard de Paris, crucihé à Pontoise(i 179), cf..Ida, marlii, t. III, p. 588-092 ; les enfanlsde Fulda(1235) ; la tillelle de Valréas (1247) ; le b'> Werner, à Oberwesel (1248), cf. Acta, aprilis, t. II, p. 696-738 ; le b"^ Dominique de Val, de Saragosse (1200), cf. Acla, 1868, augusti, t. VI, p. 777783 ; le b’< Hugues, de Lincoln (1255), cf. Aaa, 1868, julii, t. VI, p. 494) le b^ Rodolphe, de Berne (vers 1 287), cf. Acta, aprilis, t. II, p. 500-502 ; le b"^ Jeannol. Joaniietus, du diocèse de Cologne (date inconnue), cf. Acta, martii, t. III, p. 500 ; le b^ Louis de Ravensbourg (1429), cf. Acta, aprilis, t. III, p. 986-988 ; le b’< André, de Rinn (1462), cf. Acta, julii, t. III, p. 438-44’ ; le b"^ petit Simon, Simoncino, de Trente (1470), cf. Acta, martii. t. III, p. 493-500 ; le b’- petit Laurent. Lorenzino, de Marostica (1’|85) ; le b^ enfant [Christoplie, ce nom aurait été donné par les Juifs, de la Guardia (vers 1490) ; l’enfant de Metz, qui aurait été tué par Raphaél Lévy (1669) ; le P. Thomas, capucin, et son domestique, à Damas (1840) ; la jeune lille (calviniste, âgée de 14 ans), de Tisza-Eszlnr (1881) ; la jeune lille (19 ans), de Brezina, prèsPolna (1899) ; le jeune.

dré Youtchschinsky, que le juif

Beyiis a été accusé d’avoir mis à mort à Kielf (igi 1).

44. f.a vraisemblance du meurtre rituel. — L’accusation, avant tout examen des faits, paraît bien invraisemblable, et en elle-même el dirigée contre les Juifs.

Il est invraisemblable que de telles horreurs