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JUIF (PEUPLE)

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pas alors universelleiiicnl développées ; cl c'était au jour (lu Messie que cette ; , Maiule luuiiére devait paraître à découvert… Encore donc ipie les Juifs eussent dans leurs Kcritures ([UcUiues promesses des félicités éternelles, et que vers le temps du Messie où elles doivent cire déclarées, ils en parlassent beaucoup davantage, comme il paraît jiar les livres de la Sayesse et des Macchabées ; toutefois cette vérité faisait si peu un dogme formel cl universel de l’ancien peuple, ipie les Sadducécns, sans la reconnaître, non seulement étaient admis dans la synagogue, mais encore élevés au sacerdoce. C’est un îles caracUres du peuple nouveau, <le poser pour fondement de la religion la foi de la vie future, et ce devait èlre le fruit de la venue du Messie. » (Disc, sur l’Uist. iinii'.. Il" pari., cliap. xix.) On < : omprend l’iniporlance de ce texte dans la question qui nous occupe ; il faut même noter que. n'étant i)as informé, comme nous le pouvons cire, du contenu de la lilléralure apocryphe de l’Ancien Testament, l’cminent théologien ne fait pas entrer en ligne de coiuple un certain nombre d’idées fort importantes pour le sujet et que nous rencontrerons plus loin (/Jeu.t iénic partie, ']'). Longte^nps déjà avant liossuet, saint Jérô.mb expliquait des textes tels que Eccl., iii, iS-ai par ces rétlexions : « Hoc autem dicit, non quod animani ])utet perire cum corpore, vel unum bestiis et homini præparari locum, sed quod ante adventum Chrisli omnia ad inferos pariter ducerentur… Et rêvera antequamllammeam illamrolam, eligneamromphæani, et paradisi fores Christus cum iatrone reseraret, clausa erant coelestia, et spiritum pecoris hominisque aequalis vilitas coarclabat. El licet aliud viderelur dissolvi, aliud reservari ; tamen non multum inlereral perire cum corpore, vel inferni tenebris detineri. < (Comment, in £cclesiasten, P. /.., XXIll, lo^i, io42.) La réilexion est digne de la sagesse et de la bonté divines dans l'économie du salut : le moment n’clail pas venu de répandre de pleines lumières sur le sujet des récompenses d’outre-tombe, tant que, de fait, les justes n’en pouvaient pas encore bénélieicr.

3° Le monothéisme chez les prophètes préexiliens- — Si tous lesexégètes étaient il’accord sur les dates du Ueutérononie et d'/5., xl-lxvi, l’on n’aurait presque plus rien à ajouter pour cpie l’histoire du monothéisme hébreu fût tout à fait complète. A s’en tenir aux données de la tradition juive et chrétienne. /s., xL-Lxvi nous renseigne sur la foi d’Israël au huitième siècle, tandis « [ue le Deutéronome nous faitconnaitre quelle était la croyance de Moïse et des Hébreux au moment où ceux-ci se ])réparaient à entrer en Canaan. Mais, on le sait, la jïlupart des cxégcles non catholiques ne reçoivent pas ces données de la tradition. A leurs yeux, Is., xl-lv serailen gros contemporain des dernières années de l’exil (peu avant 538), Is., i.vi-lxvi, des premiers temps du retour. Quant au Deutéronome, sa partie centrale (xiiXXVI + xxvnr), dont plusieurs éléments remonteraient beaucoup jilus haut, et, d’ai)rès certains critiques, jusqn’avix temps mosaïques eux-mêmes, aurait été coordonnée et rédigée ]ieu de temps avant (122, durant le régne de Manassé ou |ieiidanl les premières années de Josias. C’est le propre de l’apologétique de se placer, autant que possible, sur le terrain de ceux qu’elle veut gagner ; comme d’ailleurs il n’est nullement malaisé de le faire pour le sujet qui nous occupe, il y a tout avantage à tenter une esquisse de l’histoire du monothéisme préexilien en s’appuyant sur des documents qui ne soient pas objet de discussion. En toute hypothèse d’ailleurs, la découverte du Deutéronome en 622 nous fournit

un point de repère ; elle se place à la lin d’une période éminemment féconde au point de vue du monothéisnie : la grande période du proi>liclisme, que l’on peut faire commencer au neuvième siècle, avec Elle et Elisée, et qui se perpétue, au huitième siècle, avec AmosetOsée en Israël, Isaïcet Michée en Juda, puis, au septième siècle, avec Jérémie, Sophonie, NaUum, , Habacuc.

A. Jilie et Elisée. — Les critiques ont des hésitalions touchant la date à assigner aux sources qui racontent la mission d’Elie et d’Elisée. Une donnée au moins s’iuq)ose : c’est la fermeté de la tradition qui en l’ail des thaumaturges. Aussi bien l’on n’hésite pas à regarder comme strictement historiques les deux épisodes vers lesquels converge toute l’action du prophète Elle : la scène du Carmcl (llleg., XVIII, 16-40), l'épisode de la vigne de Nabolh (I Jleg., XXI, 1-2/4). C’est aux mauvais temps du roi Acliab qui, subordonnant les intérêts de la religion nationale aux vues d’une politique d’ailleurs habile, contracte des alliances avec les Phéniciens ; il les sanctionne en épousant Jézabel, tille d’Elhbaal, roi de Sidon (I Reg., XVI, 30, 31). Les conséquences de cet acte ne se font i>as attendre : Achab, allant au-devant des désirs de sa femme, établit dans sa capitale le culte de lîaal et d’Astarté et s’y associe lui-même (I Jieg,

XVI, 31-33 ; XXI, 25, 26) ; tous les rois de sa dynastie suivront son exemple. C’est en leur présence qu’Elie el Elisée se feront les champions de Yahweli. — « ) Les miracles sans nombre qu’ils accompliront (I Jieg-,

XVII, I et xviii, ji>-46) xvii, 8-16, i"-24 ; Il tieg., 11, 915, ig-aS ; iv ; v ; vi, 1-7) témoigneront du pouvoù- de Yahweh sur la nature ; il ne se contente pas, comme lesBaal cananéens, d’une action occulte et incontrôlable ; il agit de la manière la plus proi)re à frapper l’attention. — b) La part qu’au nom de Yahweh, Elisée preinl à la vie politique, non seulement en son pays (Il Heg., iii, 9-20 ; vi, 8-vii, 20 ; ix, i-13), mais en Syrie, à Damas (II lieg., viii, 7-1 5), est la preuve qu'à ses jeux le Dieu d’Israël a autorité sur les nations étrangères aussi bien que dans le peuple qui l’honore. Au sujet de la transcendance divine, on pourrait aussi alléguer la vision de Michée, fils de Y’emla (1 lieg., xxii, 6-28 ; noter surtout vers. 19). Mais deux traits de la carrière d’Elie sont surtout à retenir. — c) L’un, l'épisode de la vigne de Nabotli (1 Jleg., XXI, 1-2-5) met en relief les préoccupations de stricte justice qui dirigent Y’alivveh dans le gouvernement du monde. Un roi, si puissant soil-il, n’a pas le droit de dépouiller l’un de ses sujets, même les plus humbles, de l’héritage de ses pères, eùl-il l’intention d’olTrir les plus avantageuses compensations ; parce qu’Achab, cédant aux intrigues de Jézabel, a tué et pris un patrimoine, il est condamné à une mort violente, el sa postérité est maudite. On ne saurait marquer d’une manière plus frapjianle ce quidistingue Yahweh des autres dieux el fait sa supériorité. — J) L’on conçoit dès lors que le dieu d’Israël se refuse à tout compromis avec des divinités importées de l'étranger. La scène du Carmel (I lieg., xviii, 16-40)està ce point de vue des plus expressives : « Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si Yahweh est Dieu, allez après lui ; si c’est Baal, allez après lui » (vers. 21). La question est clairement posée : il ne s’agit pas seulement de mesurer deux êtres rivaux, de savoir le<piel est le plus puissant, le plus g^rand ; la question est d'être ou de n'être pas : el comme, aux yeux du prophète, la réponse à la question ne saurait être douteuse, il est manifeste que, pour lui, Yahweh est Dieu (le Dieu, h a loin iii, vers. 37) el que Baal ne l’est pas. Il est évident d’ailleurs que, posée en ces termes, la question exclut uneréponseen vertu de laquelle Y’ahweb