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d’auteurs n’hésitent pas à rapporter à ces troupes célestes le titre de Yaliweli des armées. — e) Ce qui est certain, c’est qu’avec la prédication très uiiiversaliste des prophètes, il serait dillicile de restreindre le sens de ce vocable aux années d’Israël. Ce qui est encore certain, c’est que. si jamais le sens de cette expression a été en relation précise avec les armées d’israol, elle prenait déjà une signilication plus profonde..Si l’on invoquait l’appui et le patronage de Yaliweh, c’est parce qu’on les croyait etlicaces, parce (pi’on avait foi en la puissance divine. Cette expression était donc dés ce moment en connexion avec les attributs qui assurent davantage à Dieu sa grandeur et sa transcendance. La souveraineté sur les armées célestes parle bien davantage encore en ce sens. A plus forte raison si, au lieu des anges et des astres, on pouvait songer, comme d’aucuns l’ont fait, à cet ensemble des phénomènes et des puissances célestes et terrestres qui constitU£ le cosmos. Notre expression traduirait alors exactement la toute-puissance, la souveraineté universelle de Yahweh. On en pourrait rapprocher la locution iar t : issali, roi de la totalité, que les babyloniens donnaient volontiers aux principaux de leurs dieux. — /') L’on comprend dès lors qu'à côté des traductions littérales Kj/ji’s ; S ; ^, ? ») », Ki/cw ; rûj ^Tpy.TiCiJ, les Septante aient employé des locutions telles que Kù^to^ ~t/--^'yr.py.T’jip^ jpio~ rîôv 5-jy « us&>y ; bien que moins serviles, ces traductions sont à coup - ùr les plus exactes.

11. — Le fait du monotbéisme en IsraëL — 1" Les documents les plus explicites. — Ce sont, en laissant île côté nomlire de Psaumes, le Deutéronome, /s., xl-lxvi, Ezéchiel.

A. l.e Deutéronome. — La partie essentielle est le code légal des cliap. xii-xxvi, que précède une longue Introduction parénétique(/)eH(., i-xi). et qui est suivi d’une conclusion, en partie parénétique(i’e((^, xxvnxxx), en partie historique (xxxi-xxxiv). Afème aux yeux des critiques qui rejettent l’authenticité mosaïque du Deutéronome, ces divers éléments, quoique peutêtre de provenances différentes, représentent les idées d’une même époque et d’un même milieu : on peut donc les considérer ensemble. — n) Ce qui frappe tout d’abord, c’est la guerre déclarée à l’idolâtrie. On rappelle les châtiments qu’elle a attirés sur le peuple à l’Horeb (Dent., ix, 8-2 1, 25-21} ; x, i-5, 10, 11), à Baal Peor (Dent., iv, 3). Surtout au moment où il est sur le point de pénétrer en Canaan, on prévient le peuple contre la tendance, conforme aux idées du temps, qui le porterait à sacrifier aux dieux du j)ays, contre les séductions d’un culte pompeux. Si Israël doit vouer à l’anathèræ les anciens habitants du pays (Dent., vu. 3, 3, 16, a.'i ; XX, 16, i^), c’est à cause du danger que leur exemple ferait courir à sa foi (Dent., vii, 4 ; xx, |8). Aussi doit-il s’acharner contre leurs sanctuaires, les détruire avec tout leur mobilier (Deul., vii, 5, 25 ; XII, 2, 3). La plus grande des prévarications est, en effet, celle qui consisterait à associer d’autres dieux à Yahweh, idoles des Egyptiens et des autres nations parmi lesquelles Israël est passé (Dent., XXIX, lâ-i^), culte des astres que Dieu a donnés en partage à tous les peuples qui sont sous le ciel (Dent.. IV. ig) et qu’Israël verra en grand honneur chez les.ssyriens et les Babyloniens avec lesquels pins tard il entrera en relation. Le premier précepte du Décalogue (Deul., v, 7) interdit formellement aux Israélites d’avoir d’autres dieux que Yahweh ; la même défense est renouvelée ailleurs (Denl., v, 15 sv. ; viii, 19). Les peines les plus terribles sont édictées contre les prévaricateurs ; pour l’individu convaincu d’un tel crime après une soigneuse

enquête, c’est la lapidation (Deul., xvii, 2-7 ; cf. xiii 7-12), à [ilus forte raison pour celui qui voudrait propager une telle iniquité (Dent., xiij, 2-6) ; pour une ville, c’est ranalhèmc (/^e « /., xiii, 13-ly) ; pour le peuple devenu tout entier infidèle, c’est la ruiiK' et l’exil (Deut., iv, 35-27 ; x.xviii, 15-68 ; xxx, 17, 18). ("est aussi cette horreur de l’idolâtrie qui fait proscrire du culte de Yahweh nombre d’institutions en vigueur dans les sanctuaires païens : les images taillées (Deut., iv, 15-18, aS ; v, 8, 9 »), qui sont en contradiction avec la façon toute spirituelle dont Y’ahweh s’est manifesté à l’Horeb (Dent., iv, 12-15) ; les stèles de pierres (massëbôf) et les poteaux sacrés ('"xèrint ; Dent., xvi, 31, 22) ; certains rites funéraires (Dent., xiv, i, 2) ; à plus forte raison le personnel immoral îles courtisanes sacrées et des efféminés (Dent., xxiii, 18, 19). — b) Non seulement le Denté ronomeproscritrickdàlrie ; mais il s’explique sur l’idole. Il relève la supériorité qu’assurent à Yahweh : la sagesse et l’intelligence dont témoignent ses lois (Dent., iv, 6, 8) ; la bonté et la puissance dont il fait preuve dans ses relations et son intimité avec son peuple (Dent., rv, 7, 12, 32, 33 ») ; la puissance qu il a particulièremenlmanifesléedans les merveilles de la sortie d’Egypte (Dent., iv, 3/|, 87). Quant aux dieux des nations, ils sont, ou bien des créatures (des astres ; /)el(^, iv, 9), ou bien des œuvres des mains de l’homme, bois et pierre, or et argent, qui ne voient point, n’entendent point, ne mangent point, ne sentent point (De n I., iv, aS) : ce sont des ordures (^'/7/((/îhi ; Dent., xxix, 16, 17). — c) Le législateur va plus loin. Si Y’ahweh est un Dieu jaloux, un feu dévorant (/^e((<., iv, 24), terrible dans la punition de l’idolâtrie (/^ei/^, v, 9 ; vi, ili, 15), c’est qu’il est le seul Dieu. Les prodiges accomplis en faveur d’Israël ont pour but de lui faire reconnaître que Yahweh est Dieu et qu’il n’y en a pas d’autre (Dent., IV, 35), de l’amener à graver dans son cœur que c’est Y’ahweh qui est Dieu en haut dans le ciel et en bas sur la terre, et qu’il n’y en a point d’autre (Dent., IV, 39), qu’il est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs (Dent., x, 17). Ces assertions apparaissent comme les formules d’une pensée qui pénètre le livre tout entier. Elle se traduit dans l’extérieur même de la pratique religieuse. La loi de l’unité de sanctuaire n’a d’autre l>ut que de sauvegarder la foi d’Israël au Dieu unique, à une épocpie où la pluralité des lieux de culte risquait tant d’entraîner comme conséquence la division et le morcellement de la divinité (Dent., xii, f^M, 17-19, 26 28 ; XIV, 22-27 ; ^^ ! ^'^'1'. 8-13 ; xviii, 1-8 ; xxvi, i-ii). En un mot, le Deutéronome nous fournit la formule explicite du monothéisme, et c’est à Yahweh Dieu d’Israë'l qu’il l’applique. — d) De ce seul Dieu, le législateur décrit longuement les attributs : « ) le domaine universel (Dent., x, i !, ) ; — S) la transcendance, autrement dit la sainteté : elle le tient à distance de tout ce qui est profane et expose à la mort ceux qui l’approchent (/) « » ?., v, 28-27) : elle se communique à son peuple (Dent., xiv, 2, 21), r(d>ligeanl à des règles spéciales de pureté (/>el(^, xiv, i, 21 ; cf. VII, 6 ; xxiii, io-15) ; — v) sa vie (Dent., v, 26) et sa personnalité agissante ; — S) spécialement, son activité dans la nature où il se comporte en maître absolu, éloignant les fléaux (Dent., vii, 13-15), protégeant la terre d’Israël (/)ei(/., xi, 12), donnant ou retirant les bénédictions du ciel (Dent., xi, 14, lô, 17 ; XV, il ; cf. vni, 7-9), recourant au besoin aux miracles les plus étonnants (Dent., viii, 3, 15, 16) ; — s) plus spécialement encore son intervention dans la vie desnalions, surtout d’Israël, témoins : les prodiges accomplis dans la sortie d’Egypte (Dent., xi, 3. /))i l’autorité avec laquelle il dispose du pays réservé aux