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JESUS CHRIST

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les plus anciens. Non seulement P. W. Scumiedel, lians le tableau qu’il a joint à l’article Jit’surrection and.Iscensiun Narralnes de VEncyclopædia Hiblica de T. K. Glieyne*, mais M. Friedrich Loofs, dans son opuscule : Die Auferstehungs llerichte und ihr IVerl’^ et Mgr P. Ladkuze, dans sa belle conférence sur la llésnrrcction du Christ défaut la critique cnritemporaiite’-', en ont fait état. Le professeur H. 1 ?, SwKTE en use de même, après s’être expli((ué sur la valeur qu’il attache à ces indications, u Quand nous sortons du Nouveau Testament, les échos de la tradition primitive deviennent rares et, pour la plupart, ne méritent pas confiance’. n Un fragment de V FCvangile dit des Hébreux (écrit palestinien de la lin du i" siècle) raconte l’apparition du Seigneur à Jacques. Je l’ai cité plus haut. Un morceau copte du second siècle décrit l’apparition aux saintes femmes, près du sépulcre, en des termes qui permettent de croire ce récit partiellement indépendant des narrations synoptiques-’. Mais seul VEiangite dit de Pierre, du second siècle, vaut, semblet-il, d’être cité ou résumé ici. Ce qu’il dit pour com])léter nos récits canoniques et, plus encore, la façon dont il le dit, mérite attention. On peut mesurer sur cet ouvrage — le plus sobre, le plus ancien des évangiles non canoniques dont il ne nous reste plus qu’une poussière de fragments — la dilTcrence qui sépare, de tout ce qui n’est pas eux, les livres retenus et canonisés par l’Eglise*.

373. —’Voyant les prodiges qui s’accomplissaient après la mort du Seigneur, et le peuple ému,

les Anciens eurent peur et vinrent prier Pilate en ces termes : « Donnez-nous des soldats atin qu’ils gardent le sépulcre durant trois jours, de crainte que ses disciples ne viennent, n’emportent [son coIp^] et que le peuplo, croyant qu’il est ressuscité des morts, ne nous fasse une méchante afl’aire. » Pilate mil à leur disposition le centurion Petronius et des soldats pour garder la tombe : avec eux les prêtres et les scribes vinrent au sépulcre et ceux qui étaient là, tous ensemble, avec le centurion et les soldats, roulèrent une grande pierre, la mirent contre la porte du sépulcre, y opposèrent sept sceaux et, ayant dressé là une tente, ils veillaient.

Et de bon matin, à l’aube du sabbat, une foule do gens

1. Vol. IV, col. 403’J-’1037. London, 1<JÛ7 ; le tableau est en face des colonnes 405.’ ! , 4054. Cet article de P. W. Schraiedel réunit, dans un ensemble dont l’érudition fait ressortir l’arbitraire et le criant apriorisme, toutes les difficultés, tous les heurts, toutes les antinomies qu’on peut relever ou soupçonner dans les récits. Je ne vois pas que personne, ni M. Arnold.Meyer, ni .M..lfred Loisy, ni M. Kirsopp Lake, ait, sous ce rappoi’t, rien ajouté à P. W. Schmiedel.

2. Leipzig, 1898, : j’édition à Tiibingen, l’J08, p. 38-31 : i. S.Bruxelles, s. d. [1907], p. 8, 9 en note.

4. The appearance-s ofOiir Lord, p. xv.

5 Ce fragment, d’abord publié par C. Si’.hmidï dans les 5(<r « n ; » jirr/’r/W( ! de l’Académie de Berlin. 1895, p. 705-711, est donné, en trad ne tion allemande, dans les Antilegoiucnn de E. Preuschcn, 1905. p. 83-8’i..Marie, Marthe et Madeleine vont au tombeau pour embaumer le corps, trouvent la tombe vide, sont troublées et pleurent. Jésus leur apparaît, leur défend de pleurer, se fait reconnaître et dépêche l’une d’entre elles annoncer aux apôtres la résurrectinn. Marthe y va, ne réussit pas à les persuader. Marie est envoyée à son tour et ne réussit pas mieux. Alors le Seigneur lui-même y va et adresse la pai’ole aux disciples. Ils le prennent d’abord pour un fantùrae, mais lui se fait reconnaître, soit en rappelant ses paroles anciennes, soit en les invitant à le loucher : « Pierre, mets ton doigt dans le trou des clous de ma main, etc.)’r ». Pour l’Evangile de Pierre, dont je traduis le principal fragment, trouvé à Akhmim en Egypte en I88(i, et édité d’abord par Bol’RIAnt en 1892 (tac-simile par 0. von Gebhartll en 1893), je suis le texte de E. Preuschen, AntiUgomcna-. 1905. p. 16-20.

vint de Jérusalem et du voisinage pour voir le tombeau scellé. Mais la nuit où bi’illa l’aube du dimanche, comme les soldats montaient la garde, deux à deux, une grande voix se fit entendre dans le ciel, et ils virent les cieux s’ouvrir et deux hommes, éclatants de lumière, en descendre et s’approcher du tombeau. Or, la pierre qui appuyait sur la porte roula d’elle-même et se plaça de cùté, la tombe s’ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent. Ce que voyant, ces soldats éveillèrent le centurion et les Anciens, qui étaient là aussi, de garde. Et comme [les soldats] expliquaient ce qu’ils avaient vii, ils aperçoivent derechef trois hommes sortant du tombeau : deux soutenaient le troisième, et la croix les suivait. La télé des deux [qui soutenaient] atteignait le ciel et celle de celui qui était soutenu dépassait les cieux. Et ils entendirei t une voix [venue] des cieux, qui disait : « As-tu prêché aux morts.’» Et une réponse partit de la croix : « Oui. n Les soldats s’arrangèrent donc entre eux pour s’en aller et déclarer l’alTaire à Pilate. Et comme ils se concertaient encore, ils virent les cieux s’ouvrir de nouveau ; un homme descendit et entra dans le sépulcre. Ce qu’ayant vii, ceux qui étaient avec le centurion, laissant la tombe qu’ils gardaient, se hâtèrent, en pleine nuit, d’.dier trouver Pilate et ils lui racontèrent tout ce qu’ils avaient vii, grandement troublés et disant : « Véritablement, il était le Fils de Dieu ! » En réponse Pilate leur dit ; « Je suis innocent du sang du Kiis de Dieu : l’affaire [de sa mort] est vôtre. » Ensuite, tous étant venus priaieni[Pilale] avec instance d’ordonner au centurion et aux soldats de ne dire à personne ce qu’ils avaient vu. « Car il est bon, disaient-ils, d’esquiver [la responsabilité] de ce grand péché à la face de Dieu, et de ne pas tomber aux mains du peuple juif pour être lapidés. » Pilate ordonna donc au centurion et aux soldats de ne rien dire.

A l’aube du dimanche, Marie de Mag.’ala, disciple du Seigneur — elle craignait les Juifs, enflammés décolère, et [par suite] n’avait pas accompli au tombeau du Seigneur [les rites] que les femmes ont accoutumé d’accomplir sur les morts qu’elles ont aimé, — ayant pris [avec elle] ses amies, vint au sépulcre où on l’avait déposé. Or, elles craignaient que les Juifs ne les vissent et disaient : « Si au jour même où il fut crucifié nous n’avons pu pleurer et nous lamenter, du moins faisons-le présentement sur son tombeau. Mais qui fera rouler devant nous la pierre qu’on a mise contre la porte du sépulcre, afin que nous puissions entrer près de lui et accomplir ce qui convieitt ? n — La pierre était grande en effet — « Et nous craignons que quelqu’un nous vole. Si nous ne pouvons pas [entrer], du moins, en mémoire de lui, nous jetterons sur la porte [les parfums] que nous avons apportés, nous pleurerons et nous nous lamenterons jusqu’à notre retour à la maison. » Or, en ar-rivant elles trouvèrent le tombeau ouvert et s’étanl approchées elles se penchèrent et virent à l’intéi leur, assis au milieu du sépulcre, un beau jeune homme entouré d’un vêtement splendide, qui leur dit : a Pourquoi êtes-vous venues.’Qui cherchez-vous.’Le crucifié, n est-ce pas.’Il est ressuscité et est parti. Si vous ne le croyez pas, penchez-vous et voyez la place où il gisait. Car il n’est pas là, il est ressuscité et est parti pour le lieu d’où il avait été envoy »’. n.lors, saisies d’effroi, les femmes s’enfuirent.

C’était le dei-nier jour des Azymes et plusieurs s’en allaient, retournant chez eux, la fête achevée. Mais nous, les douze disciples du Seigneur, nous étions dans les pleurs et le deuil, et chacun [de nous], attristé do ce qui était arrivé, s’en retourna vers sa maison. Or moi, Simon Pierre et mon frèie André, ayant pris nos filets, nous partîmes vers la mer [de Galilée] et avec nous était Lévî, fils d’Alpbée, que le Seigneur…

Evangile de Pierre, vers. 29-60.

374. — Du texte ainsi interrompu, l’intérêt principal réside dans le caractère manifestement dérivé, secondaire, de la narr<ilion. Dès que l’auleiir quitte, pour une glose, voire pour une explication, le solide fond évangélique, les fautes de goût, les anachronisracs, les invraisemblances se mu’lijjlient. De mcrie que dans le passage relatif à la Passion (et non traduit ici) le pseudo-Pierre met dans la bouche d’Hérode .ulipas l’appellation, continart au grotesque, de

« Frère Pilate ». de même ici, les traits sobremi ni