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JESUS CHRIST

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pourrait expliquer ces faits apparennuent miraculeux. C’est là (lu nioius une hypothèse qui n’est pas (iéraisonnal)le. » — Ne cherchons pas si cette hypothèse sutllrait dans tous les cas à expliquer les faits : je renvoie là-dessus aux précisions de saint Thomas I. Sur le terrain religieux i(ui est le notre, il est un moyen beaucoup plus simple de sortir d’emharras.

S43. — Les forces spirituelles dont il est question sont assurément soumises à la Providence de Dieu. Bonnes, elles ne peuvent être que des instruments dociles, favorisant le bien spirituel des hommes ; malicieuses ou cajjaljles, selon les heures, de hicn et de mal’^, elles ne sont pas laissées sans contrôle à leur initiative bizarre ou malfaisante. Estimer que leur intervention puisse venir troubler l’ordre naturel et créer, sans raisons très graves, des perturbations dans cet ordre, est déjà fort malaisé à concevoir et peu conciliable avec la notion véritable de Providence. Mais admettre que de telles interven lions se produisent là où des intérêts religieux sont en jeu, dans des circonstances qui non seulement n’excluent pas, mais appellent et sugg’èrent une interven lion de la sagesse et de la puissance de Oieu, c’est là proprement sortir du terrain sur lequel nous nous sommes placés dans toute cette étude, et hors duquel la notion de miracle n’est plus qu’une enveloppe ville et une chimère. C’est mettre en doute, équivalemment, l’existence ou l’incessante et inlinie sa^sse d’an Dieu très bon.

3. — Jésus Prophète

244. — Tous lescvangélistes attribuent à Jésus ilc Nazareth, d’emblée et sans progrès appréciable, les dons variés qui constituent le prophète. Dons élémentaires, tels que la faculté de voir les choses à distance et plus encore les choses secrètes, de lire dans le secret des cœurs. Saint Jean, qui souligne avec plus d’insistance l’emploi de ces puissances, n’est pas plus explicite, sur le fait, que les Synoptiques.

Nathunuël lui dit : « D’où nie connaissez-vous ? » l^n réponse Jésus lui dit : « Avant que Philippe t’appelât, quand tu tjtuis sous le figuier, je t’ai vu. » /o., i, 48.

Et le premier jour- des Azymes, alors qu’on immolait la PiV(pie, ses disciples lui dirent : « Oii voulez-vous que notis nltions vous préparer îde quoi] mnnger ht P ; qne ? » Lors, il euvoie de(î de ses disciples et leur dit : x Allez vers la ville et vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Accompagnez-le e(, où qu’il entre, dites au maitre de maison que le ^lailre dit : « Où est la place où je puisse manger la P.’ique avec mes disciples ? » Et il vous indiquera une haute chambre, tendue, toute prête. Là vous nous préparerez [ce qu’il faut]. » J/c, xiv, 12-16.

S43. — Bien plus nombreux encore sont les traits lie lecture des pensées. Dans les formules johanniques :

« Jésus ne se conliait pas à eux, car il les

connaissait tous ; et pas n’était besoin <iu’()n lui rendit compte [des pensées] d’un homme, car il savait ce qu’il y avait dans l’homme » (/o., ii, 24-2Ô) ; « Jésus savait des l’origine qui seraient les non-croyants, et <jui le trahirait » (.70., vi, 0/|), nous avons un résumé, sous forme générale, de ce que les Synoptiques nous tlécrivent souvent au concret. Jésus entre dans la synagogue, un jour de sabbat :

1. ΠPctenlia, q. vi, art. 3 et sqq. On peut consulter aussi Fr. SiAKEz, Tract, de AnifeUs. I. IV, cap. xxxix.

2. Cette hypothèse que nous savons, comme fidèles, n’être pas acluellement réalisée, est au fond des croyances spiriles. Voir i.i iv K.vrdec. Le Lime des r.sprits, fari, 1857, ^-’1912 : là-dessus Lucien RouRE, La religion $pirile, dans Etudes, 5-20 juin 1913.

Il y avait l ; i un homme, dont la main droite était dessccliée. Or les scribes et les pharisiens observaient [Jésus, pour voir] s’il guérirait le joui- du sabbat, alin de trouver matière à l’accuser. Mais lui pénétrait leurs [lensèes ; il dil [donc] à l’homme qui avait la main desséchée ;

« Lève-toi debout, au milieu ! » 1, homme se dressa et se

tint debout. Et Jésus leur dit : « Je vous le demande, est-il permis le jour du sabbat de faire le bien on [de commettre ] le mal, de sauver une vie ou de la jierdre.’-i Et jetant sur eu.x tousunrcf ; ard circulaire, il dit à l’homme :

« Etends ta main. » Il le fit et sa main fut guérie. Le., vi, 

ii-I2. — Voir également le., v, 21, 22 et passim.

Cette extraordinaire et infaillible clairvoyance ne constitue pourtant, nous l’avons remarqué, que l’aube du jour prophétique. Il convient, pour aj)précier la plénitude de ce don en Jésus, de grouper ses prédictions autour de trois objets principaux : sa personne, son œuvre sur terre, la consommation des choses. L’étude de cette dernière série de prophéties nous donnera occasion d’éclaircir les doutes qui se sont élevés louchant le sens et la vérité de certaines déclarations du Maître.

A) Prophéties de Jésus à son sujet

S46. — Elles se rapportent principalement à la parlie laplus obscure, la plusméconnue aussi, desa fonction messianique : la rédemption doulimreuse. Pour des raisons trop faciles à comprendre, cette perspective, si nettement rattachée, dans les prophéties du n Serviteur de lalné », au salut d’Isracl et à l’établissement du Règne de Dieu, était restée à peu près lettre morte, inopérante dans l’imagination populaire, exclue des spéculations concernant le Messie. Tandis qu’avidement relevés dans les prophètes, les traits glorieux ou prometteurs donnaient texte à des gloses, à des interprétations inlinies, l’évangile du Juste soulTrant demeurait dans une pénombre sacrée où nul ne se souciait d’aller le déchilTrer’. Les meilleurs parmi les Israélites, tels que les Douze, non seulement n’entraient pas volontiers dans ce courant de pensées, mais — tous les évangiles en témoignent — refusaient nettement de s’y laisser porter. C’est donc en dépit de son milieu, en opposition avec son entourage le mieux disposé, que Jésus ût revivre celle conception, en détailla les troublants épisodes avec une clarté croissante et en dégagea le sens divin.

347. — La série des textes ijui témoignent de ces % ues prophétiques est si explicite qu’elleest. pour les rationalistes de tous les temps, dans un autre sens que pour les disciples de Jésus, mais à un égal degré, une pierre d’achoppement. Aussi s’elToreenl-ils de la mettre hors de leur chemin. Tout en déclarant qu’il Il serait téméraire de prétendre que Jésus n’a pu jamais, avant les derniers jours, exprimer des pressentiments touchant sa passion et sa mort », Wilhelm Wriîde dispose en quehpies mots, et sans peine, des prophéties principales : elles sont pour lui o un coiu’t sommaire de l’histoire de la Passion — racontée, à vrai dire, au mode futur ^ » (lisez : calquée après

?fel. Voir, en plus des auteurs’cités p’us’haut, Ferdinand ï’iWT, La Messie soti/frunt dans la théologie judair^uc, dans la rhéologie de saint Paul, II, Paris, |yl2, p. 308, : M)’J. 2. (’Sie sind nichts als ein kurzes Summarium der Leidengescbichte,

« allerdings im Fulurum)) ; Zïa.s’Mcssiasgelieirnnis

in den Ki’angelien, Goettingen, 1901, p. 88. Un peu moins cavalier, M. A. JilLi< : ui : R présente rpielques timides raisons d’oidre littéraire : « Les mots prêtés à Jésus par les.Synoptiques, tels que les fréquentes allusions i> su passion future, trahissent, par leur monotonie même et leur manque de vie, leur manque d’authenticité » ; EinUitung in das N. T. -, Tùbingen, 1906, p..’(28,.Malheureusement pour le critique, ces paroles ont, au contraire, un relief saisissant.